Marc Maison

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Collection

Cette paire de vases au décor d’échassiers fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. À la fin du XIXe siècle, elle créa cette paire de vases en verre opalin, verre laiteux et translucide, au décor vert et doré. Ces deux vases adoptant une forme de balustre sont d’une grande qualité d’exécution. Japonisant, leur décor présente deux couples d’échassiers, dont les positions variées donnent vie au paysage aquatique qui les entoure. À la base de chaque vase, pour représenter la terre, le décor est rehaussé de vert, tandis que tous les détails sont réalisés à l’or. Le dégradé de ces teintes met en valeur la blancheur et la translucidité du verre. L’influence des estampes japonaises est perceptible dans le thème, ainsi que dans la manière de construire l’espace et de représenter le paysage et les animaux. La galerie Marc Maison possède une autre paire de vases dont les décors émaillés d’or représentent un paysage japonisant à la faune et à la flore extrême-orientales. — Baccarat, vers 1880

La puissance du japonisme : la coupe aux carpes koï de la Maison Giroux Cette très belle pièce conçue par la Maison Giroux est une porcelaine de style « Imari » de 1880. Elle illustre le goût très important pour le japonisme dans la société du XIXe siècle. Notre coupe est garnie d’une monture en bronze doré, portant la signature d’Alphonse Giroux. Le décor de la monture, comme l’extérieur de la coupe, rend hommage à la figure symbolique du dragon. Les couleurs adoptées par Alphonse Giroux sont typiques du style imari : bleu de cobalt, rouge sombre et safran. L’espace est subtilement exploité par un décor naturaliste et animalier. Le fond de la coupe est occupé par deux grandes carpes koï entrelacées, symboles de force dans la culture japonaise. La carpe koï est mythique. Selon une légende ancienne, les plus braves parvenant à remonter le puissant fleuve jaune se métamorphoseraient en dragons aux écailles d’or. Ce bel objet de fabrication parisienne date du Second Empire, période de grande activité de la Maison Alphonse Giroux, célèbre magasin pour son ébénisterie de luxe, ses objets montés et sa tabletterie à Paris. — Alphonse Giroux, 1880

La reine d’Egypte : Une création envoûtante du céramiste Théodore Deck et du peintre Albert Anker Daté de 1869, notre plat présente un somptueux décor égyptisant, fruit de la collaboration entre le célèbre céramiste Théodore Deck et le peintre Albert Anker. L’Egypte est une passion française durant le XIXe siècle, célébrée par les peintres, les sculpteurs, les décorateurs et les musiciens fascinés par l’Orient. A l’honneur dans les expositions universelles, l’Egypte est au cœur de l’actualité en 1869, année de l’inauguration du canal de Suez. Associant les arts décoratifs et les beaux-arts, notre plat met à l’honneur le profil d’une reine égyptienne richement parée. Sa bordure est ornée de personnages et de hiéroglyphes caractéristiques de la période pharaonique, tels que Champollion les a déchiffrés dans les années 1820. La couleur jaune est typique des objets funéraires égyptiens, qui enrichissent les collections du Louvre au cours du siècle. Le musée d’Orsay conserve une œuvre similaire, un plat à décor assyrien de 1870, issu de la même collaboration entre Deck et Anker. Il s’agit d’objets rares. — Théodore Deck (céramiste) et Albert Anker (peintre), 1869

Ce salon fut conçu par l’architecte belge Victor Horta (1861-1947) en 1903, pour l’hôtel sis Voorstraat, 22, à Courtrai (Kortrijk). Celui-ci était alors occupé par la famille Devettere-Bonnet, dont l’entreprise produisait du tabac à priser et des cigares. Le salon fait partie d’un ensemble de trois pièces : s’y ajoutaient une salle à manger et un fumoir ou une bibliothèque, pour une surface totale d’environ 80 m². Victor Horta est le père de l’Art Nouveau, style dans lequel s’inscrit la décoration de cette pièce. Le salon est composé d’une boiserie en acajou d’Afrique et en placage de citronnier de Ceylan, dans laquelle se trouve une tenture dessinée par l’architecte, la même que dans le salon de l’hôtel Max Hallet, mais dans une autre couleur. Les extrémités des boiseries, dont l’inspiration est éminemment végétale, sont de beaux exemples de ce style alors en pleine vogue. Horta conçut également les meubles de la pièce, notamment les cache-radiateurs, la cheminée et le modèle en plâtre de l’horloge. Leurs sommets, proches, sont révélateurs de l’harmonie que Horta obtient par son goût du détail. La cheminée, en bronze et en marbre rouge de Belgique, présente de belles courbes en « coup de fouet ». L’architecte dessina également la verrière, en verre américain. La lumière naturelle qu’elle apporte est complétée par celle, électrique, des appliques en forme de fleurs. Elle fait écho à celle du jardin d’hiver de l’hôtel Van Eetvelde, l’une des plus belles réalisations de Horta en la matière. La rampe présentée au milieu du salon provient de l’escalier qui desservait le premier étage de l’immeuble de la Voorstraat. Son sommet est un très bel exemple de la mise en œuvre de la ligne « coup de fouet » chez Horta. Ses balustres couplées sont un exemple particulièrement révélateur de l’influence du japonisme sur l’œuvre de l’architecte. Enfin, la cloison amovible qui séparait le salon de la salle à manger présente deux essences de bois différentes : l’acajou, du côté du salon, et le chêne, du côté de la salle à manger, puisque les meubles de cette dernière étaient en chêne. Son sommet en verre américain rose fait écho à la verrière. La cloison fait écho, dans ses formes asymétriques, à celles du paravent du boudoir de Mme Horta, présenté au musée Horta, à Bruxelles. — Victor Horta, 1903

Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ce vase en forme de balustre présente un décor gravé à la roue et doré sur le cristal de couleur bleu acier. Japonisant, son décor présente deux couples d’échassiers, dont les positions variées donnent vie au paysage aquatique environnant. Sa monture en bronze doré reprend les motifs de branches de cerisier en fleur du décor de la panse. L’influence des estampes japonaises est perceptible dans le thème, ainsi que dans la manière de construire l’espace et de représenter le paysage et les animaux. Le décor de ce vase fut repris à plusieurs reprises pour les créations de la manufacture, et apposé sur des supports différents. En effet, la galerie Marc Maison possède un vase en verre opalin d’une paire présentant un décor identique. Les vases « Clair de lune » créés par Baccarat sur le modèle d’Eugène Rousseau présentent le même principe de vases en cristal bleu au décor japonisant, dotés d’une monture très proche. — Baccarat, vers 1880

Cette paire de vases au bambou fut exécutée vers 1880 par la cristallerie Baccarat. La grande transparence du cristal et la forme quadrilobée des vases permettent de mettre en valeur le fin décor émaillé d’or exécuté sur la surface des vases. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ce décor en léger relief présente de longues tiges de bambou au bord d’une étendue d’eau couverte de nénuphars ainsi que, sur l’autre face des vases, des branches d’érable du Japon. Les décors se répondent d’un vase à l’autre selon une symétrie axiale. Ces essences extrêmes-orientales et ce traitement en surface s’inscrivent dans la vogue du japonisme à la fin du XIXe siècle. La cristallerie Baccarat, novatrice dans son adhésion précoce au japonisme, créa un flacon sur pied entre 1880-1890 en cristal soufflé, conservé au musée d’Orsay. Ses décors émaillés et cernés d’or sur le cristal transparent sont issus d’un travail identique à celui de ce vase. Baccarat conçut également un vase très proche du nôtre dans la forme et dans la mise en œuvre de la technique, au décor de tortue d’inspiration éminemment extrême-orientale. — Baccarat, vers 1880

Vase carré bosselé en céramique émaillée — Pierre-Adrien Dalpayrat, 1900

Baccarat, Paire de vases de forme bouteille perse rubis, vers 1880 Cette paire de vases de forme bouteille perse au décor végétal japonisant fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. — Baccarat, vers 1880

Baccarat (attribué à), Vase en cristal rouge aux fleurs et aux pinsons, vers 1880 Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ces vases rouleaux en cristal soufflé de teinte rubis présentent un décor gravé à l’acide et doré. Japonisant, leur décor présente deux couples de pinsons aux positions différentes. Ils évoluent dans un paysage de roses et autres fleurs sur un tapis d’herbe fleurie. L’influence des estampes japonaises est perceptible dans le thème, ainsi que dans la manière de construire l’espace et de représenter le paysage et les animaux. La cristallerie Baccarat exécuta de nombreux vases couleur rubis portant des décors très similaires à celui-ci, dans les années 1880. Un ensemble de trois vases rouleaux à la forme et au décor proches est notamment passé à Drouot ; leur monture en bronze doré porte le cachet de la cristallerie. — Baccarat (attribué à), vers 1880

Ce cabinet néo-Renaissance en noyer massif sculpté fut exécuté vers 1870. Ce sont ses quatre plaques émaillées, de taille importante et d’une grande qualité d’exécution, qui en font un meuble exceptionnel. Le XIXe siècle est friand de la reprise et de la réinterprétation de l’art du passé, comme ici des œuvres de la Renaissance. La partie inférieure du meuble, ouverte sur trois côtés, est surmontée d’une ceinture accueillant une plaque émaillée sur cuivre, ornée de rinceaux et d’un masque rappelant la mode renaissante des grotesques. Sa partie supérieure s’organise autour de deux portes ornées de plaques émaillées de forme travaillée représentant Mars, le dieu de la guerre, et Diane, la déesse de la chasse. La peinture sur émail et la grisaille apparurent à la Renaissance. L’émailleur s’est d’ailleurs inspiré de plaques émaillées de la Renaissance représentant Mars et la Justice peintes par Pierre Courteys en 1559, aujourd’hui au musée national de la Renaissance. — Cabinet néo-Renaissance, vers 1870

Baccarat, coupe au paysage japonisant, vers 1880 Son décor gravé à la roue se détache sur un cristal d’une grande pureté. Il s’agit d’un paysage japonisant : des oies sauvages s’envolent au-dessus d’une mer, dont les vagues moulées rappellent celles de Kanagawa par Hokusai. À l’arrière émerge un immense soleil rappelant le surnom du Japon, le « pays du soleil levant ». La coupe repose sur une monture en bronze doré agrémentée de quatre perdrix, perchées sur des branches chargées de fruits ou de fleurs. Deux d’entre elles picorent des fruits. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Le cachet de Baccarat, apposé à partir de 1875, se trouve sous la base de la monture. Baccarat créa une autre coupe au décor tout aussi japonisant, soufflée dans une forme identique, dont les détails sont soulignés d’or et de brun. Elle repose également sur une monture en bronze doré japonisante. — Baccarat, vers 1880

Ce meuble d’appui et présentoir fut exécuté par Gabriel Viardot en 1888, à l’apogée de sa carrière. Sculpteur sur bois de talent, Gabriel Viardot ouvrit en 1853 une fabrique et un magasin de meubles à Paris. Dans les années 1870, il décida de se consacrer au « mobilier genre chinois-japonais ». Il obtint une médaille d’argent à l’Exposition Universelle de Paris en 1878, puis la médaille d’or à l’Exposition internationale d’Anvers en 1884, et aux Expositions universelles de Paris de 1889 et de 1900. Ce meuble, quoique adapté aux usages européens, s’inscrit dans la production sino-japonisante de Viardot. Son socle est ajouré de volutes géométrisées formant un cœur au centre. La porte est décorée d’un panneau japonais exceptionnel de l’époque Meiji (1868-1912). Il est orné d’une nature morte alliant bas-relief et incrustations de nacre. Cette représentation est caractéristique de l’art japonais de cette époque. Il comporte de nombreuses similitudes stylistiques et de technique avec cet autre panneau de l’ère Meiji. L’un des petits côtés est orné d’un bambou en fleur accompagné d’une inscription faite de caractères choisis pour leur aspect esthétique, probablement tirée d’estampes japonaises. L’autre est sculpté de branches de gui. Le couronnement du meuble s’inspire de l’architecture extrême-orientale et est orné d’un lion rugissant. La signature de Viardot se trouve sur le côté droit du meuble, en partie basse. L’estampille et la date, rarement indiquée, ce qui est révélateur de la valeur de ce meuble, se trouvent sur son côté gauche. Gabriel Viardot créa un petit cabinet japonisant connu par un dessin ancien, dont la partie haute, plus spécialement le couronnement, est très proche de celle de ce meuble d’appui. — Gabriel Viardot, 1888

Ce bureau de pente à abattant japonisant est signé par Gabriel Viardot et daté de 1886. — Gabriel VIARDOT, signé et daté 1886

Ce meuble vitrine de style Louis XIV plaqué d’ébène aux garnitures en bronze doré, fut exécuté par L’Escalier de Cristal après 1891. La prestigieuse maison L’Escalier de Cristal fut fondée vers 1808 par la veuve Désarnaud. À la fin du XIXe siècle, elle fut reprise par les frères Georges et Henry Pannier, qui entreprirent de débuter une production mobilière en 1891. En partie basse, le meuble présente deux vantaux ornés d’une délicate marqueterie d’ébène, de palissandre et d’étain évoquant les réalisations d’André-Charles Boulle à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Ce motif est repris sur les petits côtés. La jonction des deux panneaux marquetés est dissimulée par un pilastre ionique cannelé reposant sur un masque d’Apollon en bronze doré faisant également référence aux meubles de Boulle. La partie supérieure du meuble est vitrée et présente un encadrement marqueté d’étain et de laiton formant une délicate frise de feuilles. Le fond est tapissé de velours de soie rouge. La signature de l’Escalier de Cristal se trouve à l’intérieur du vantail de la bibliothèque. Les carnets de Henry Pannier contiennent un dessin de cette vitrine. Ils indiquent qu’elle fut commandée en trois exemplaires : une paire pour Alexandre Polovstov, conseiller à la cour de Russie et fondateur du musée Stieglitz, et une seule pour un dénommé « Kunt[z]elman », client fidèle du magasin. — L’Escalier de Cristal, après 1891

Cristallerie Saint-Louis, Paire de vases rubis au décor japonisants, v. 1880 Cette paire de vases aux cigognes fut exécutée par la cristallerie Saint-Louis vers 1880. La cristallerie Saint-Louis fut fondée en 1585 dans la vallée de Münzthal. Elle travailla d’abord le verre, avant de percer le secret de la fabrication du cristal en 1781. Ces vases en cristal rubis sont ornés de motifs japonisants. Ceux-ci furent gravés à l’acide, puis émaillés d’or. A côté de la cigogne, un arbre d’essence extrême-orientale s’épanouit sur la panse. Il est accompagné d’un papillon. A l’opposé de la cigogne se trouvent deux cartouches circulaires emboîtés, présentant de légères variations d’un vase à l’autre. Le premier cercle accueille un paysage japonisant (une étendue d’eau bordée de roseaux, un arbre évoquant un pin sur un rocher). Le second est dépoli, ce qui donne à la couleur rouge un aspect mat. Les vases sont signés à l’or : « St Louis » et portent une étiquette ancienne de la cristallerie. Une paire de vases du même modèle sont conservés en collection particulière. — Cristallerie Saint-Louis, vers 1880

Baccarat, paire de vases au paon, au coq et à l’échassier, v. 1880 Cette paire de vases au décor japonisant de paon, coq et échassier fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ces vases de forme balustre en verre opalin portent un décor émaillé doré partiellement en relief, et nuancé de vert et de noir. Leur décor est identique : un paon aux ailes déployées se tient sur un arbre, tandis que sur le sol, le coq et l’échassier semblent près de s’affronter. Le paysage est exécuté à la manière des estampes japonaises. Le col et la base des vases sont ornés de motifs orientalisants. La blancheur et la translucidité du verre opalin, ainsi que la finesse du décor sont révélatrices de la qualité exceptionnelle de cette production. La galerie Marc Maison possède une autre paire de vases dont les décors émaillés d’or représentent un paysage japonisant à la faune et à la flore extrême-orientales. — Baccarat, vers 1880

Le vol du Colvert : le plat en faïence de Théodore Deck Portant la signature du céramiste Théodore Deck, ce plat est un hommage à la faune sauvage des marais. Son décor met en scène un canard Colvert aux ailes déployées, entre ciel et eau. Remarquons la finesse des détails et le grand naturalisme de Deck. Le fond décoratif est finement exécuté. Les nuances de bleu varient en fonction de l’épaisseur de l’émail. Fasciné par le japonisme, Deck fait ici appel à un animal représenté par Hiroshige dans certaines estampes. La galerie Marc Maison présente un plat au décor similaire, représentant un canard s’élevant dans un ciel nuageux, où pointe un soleil d’or. Les œuvres de Théodore Deck sont présentes dans les plus grandes institutions, telles que le musée d’Orsay, le musée des arts décoratifs à Paris et le Metropolitan Museum de New York. — Théodore Deck 1880-1890

Cette garniture au paysage japonisant fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Cette garniture en cristal rubis est composée de deux vases et d’une jardinière. L’ensemble est emblématique de la qualité des œuvres de la cristallerie. Les décors émaillés d’or des vases représentent un paysage japonisant à la faune et à la flore extrême-orientales. Les échassiers en sont particulièrement caractéristiques. La jardinière est ornée d’un paysage aquatique survolé par des oies sauvages. Un vaste soleil d’or émerge d’un arrière-plan montagneux. Les anses en cristal transparent sont également ornées de motifs décoratifs dorés. Chaque élément de la garniture est monté. Le cachet de la cristallerie, apposé depuis 1875, soit peu de temps avant la création de cette pièce, se trouve sous la base de la monture en bronze doré. Baccarat exécuta, dans la même période, une autre garniture montée en cristal rouge émaillé d’or, aux formes légèrement différentes et au décor japonisant très proche. — Baccarat, vers 1880

Joseph Simon Volmar (Berne, 1796-1865), Paire d'Ours en fonte de fer

Cette paire de vases, à l’évasement élégant, se caractérise par son alternance colorée. Celle-ci est obtenue grâce à la création d’un cristal double, transparent vers l’intérieur et rouge vers l’extérieur. Les bandeaux d’un rouge brillant sont gravés de motifs géométriques et floraux à la roue, tandis que la couche interne, dégagée à l’aide de l’acide ou d’un sablage, à l'aspect mat du verre dépoli. Ces vases s’inscrivent dans une monture en bronze doré reposant sur trois pieds aux courbes élégantes, achevées par des boules. Des médaillons dans lesquels s’inscrivent des profils de personnages grecs à l’antique sont présents au sommet et à la base de la monture. Finement ciselée, la monture épouse la forme du vase, et fait écho à la partie haute, en s’évasant vers la base. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. La cristallerie Baccarat créa également une coupe sur trépied, dont elle possède encore un exemplaire dans sa collection patrimoniale. S’y côtoient un cristal rouge et un transparent. Comme nos vases, elle est ornée de frises d’inspiration classique et repose sur un trépied en bronze doré. — Baccarat, vers 1878

Cette paire de vases au décor japonisant fut réalisée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Elle créa ces vases de forme carrée en cristal noir reposant sur une monture de bronze. Ces œuvres sont ornées d’un décor naturel d’une grande poésie exécuté grâce à la technique de l’émaillage à chaud en relief. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles, tout au long du XIXe siècle. La couleur noire du cristal hyalite est obtenue grâce à l’injection de scories ou de soufre dans le verre. Ce fond sombre met en valeur le décor peint. Ici, il permet de créer un décor exécuté à l’imitation des plaques de laque chinoise ou japonaise : sur le fond noir se détachent des branches de cerisier en fleurs, autour desquelles volent des oies sauvages. Les dessins des deux vases se répondent selon une symétrie axiale. Les couleurs vives se détachent nettement sur le fond, qui met en avant la minutie et le sens du détail mis en œuvre pour ce décor. La monture en bronze, présente au sommet et à la base des vases, adopte également un style orientalisant : le vase repose sur quatre têtes d’éléphant appuyées sur leur trompe. Un dessin préparatoire conservé dans les archives de la cristallerie montre un vase dont le décor japonisant fut conçu selon le même principe d’imitation de la laque par le cristal noir. — Baccarat, vers 1880

Émile Gallé, 1884

Une opulence d'hibiscus et de quisqualis : un plat en faïence émaillée de Théodore Deck Ce magnifique plat à décor d’émail polychrome est signé par Théodore Deck, céramiste de renom du XIXe siècle et directeur de la manufacture de Sèvres à la fin des années 1880. Réalisée vers 1878, notre pièce s’inscrit dans la période glorieuse de Deck, régulièrement récompensé dans les expositions universelles pour ses céramiques émaillées de prestige inspirées des arts de l’Extrême-Orient. Sur un fond bleu caractéristique du style de Théodore Deck (dit le « Bleu » de Deck), des fleurs d’hibiscus et de quisqualis s’entremêlent en une liane tropicale. Un papillon accompagne cette féérie florale. L’hibiscus est une famille de végétaux issus des régions tropicales. L’espèce quisqualis est originaire de Chine. Ces deux plantes traduisent le goût pour l’exotisme dans les arts décoratifs de cette période. Les couleurs des pétales, rouge et blanc, sont fraîches et puissantes. En habile coloriste, Deck joue à merveille des associations entre teintes primaires et secondaires. Le musée des Arts Décoratifs à Paris conserve un plat à décor floral comparable à notre pièce. — Théodore Deck, 1880

L’arbres aux cerises : Un décor aux oiseaux et aux fruits par Théodore Deck et Eléonore Escallier Portant le monogramme du céramiste Théodore Deck et la signature de la peintre Eléonore Escallier, ce grand plat décoratif date de 1871. L’objet est numéroté dix. D’inspiration extrême-orientale, son décor est le fruit du dessin d’une artiste nommée Éléonore Escallier. Une des rare femme qui collabore avec la Manufacture de Sèvres. Peintre et céramiste spécialisée dans les scènes naturalistes, Escallier est considérée par Théophile Gautier comme une artiste pleine de sincérité et de naturel. Elle expose régulièrement au Salon, où les femmes sont minoritaires. La collaboration entre Deck et Escallier débute dans les années 1860. Le céramiste de renom est connu pour faire appel aux peintres, qui associent leur talent à ses créations techniques. Le décor estival composé par Eléonore Escallier met en scène des oiseaux picorant des cerises sur une branche. La composition, parfaitement maîtrisée, est d’une très belle facture. Deux autres plats issus de la collaboration entre ces deux artistes sont conservés au musée des Arts décoratifs à Paris. — Théodore Deck et Eléonore Escallier, 1871

Le vol du Colvert : le plat en faïence de Théodore Deck Portant la signature du céramiste Théodore Deck, ce plat est un hommage à la faune sauvage des marais. Son décor met en scène un canard Colvert aux ailes déployées, entre ciel et eau. Remarquons la finesse des détails et le grand naturalisme de Deck. Le fond décoratif est finement exécuté. Les nuances de bleu varient en fonction de l’épaisseur de l’émail. Fasciné par le japonisme, Deck fait ici appel à un animal représenté par Hiroshige dans certaines estampes. La galerie Marc Maison présente un plat au décor similaire, représentant un canard s’élevant dans un ciel nuageux, où pointe un soleil d’or. Les œuvres de Théodore Deck sont présentes dans les plus grandes institutions, telles que le musée d’Orsay, le musée des arts décoratifs à Paris et le Metropolitan Museum de New York. — Théodore Deck, 1860-1891

La Mer. Une œuvre prodigieuse de Pierre-Adrien Dalpayrat. Très rare, notre jardinière est l’œuvre d’Adrien Dalpayrat, l’un des plus grands céramistes européens de la fin du XIXe siècle. Elle porte sa marque, une grenade éclatée, en creux sous la base. Le style de cette pièce répond pleinement à l’esthétique symboliste de la Belle Epoque. Contemporaine de La Vague de Camille Claudel, elle précède les esquisses symphoniques de Debussy en 1905 (La Mer). Dalpayrat était réputé pour ses créations inspirées par les formes animalières et naturelles d’une grande originalité, d’une invention chimérique et foisonnante. Sa notoriété tient aussi à sa maîtrise exceptionnelle du grès flammé et de la teinte rouge qu’il emploie, dit « Rouge Dalpayrat ». Plus qu’un simple vase, notre jardinière est une composition sculpturale en hommage aux mouvements de la mer. Le céramiste magnifie le tourbillon des vagues et de l’écume, qui met à découvert un beau crabe marin traité en haut-relief. Le mariage entre les couleurs vert et noir des flots océaniques et le rouge lumineux du crabe est d’une grande virtuosité. Notre jardinière formait la pièce maîtresse d’une garniture de cheminée, comptant également deux vases. L’un se trouve au Saint Louis Art Museum et le second dans une collection privée. Cet ensemble fut publié dans La Revue Illustrée le 15 juin 1896. Le modèle de notre jardinière fut exposé au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1898. Modèles en plâtre ayant servi pour notre garniture. — Pierre-Adrien Dalpayrat, 1896

Ce vase au décor de dragon fut créé par la cristallerie Saint-Louis avant 1900. La cristallerie Saint-Louis fut fondée en 1585 dans la vallée de Münzthal. Elle travailla d’abord le verre, avant de percer le secret de la fabrication du cristal en 1781. Le corps du vase, en verre multicouche, présente un fond vert jade gravé à l’acide qui permet, grâce à l’alternance de zones brillantes et de zones plus mates, d’évoquer l’air dans lequel évolue le dragon. La couche colorée supérieure, rouge, fait apparaître les motifs du dragon et des chauves-souris, ainsi que les nuages. Les lignes gravées laissent transparaître la teinte du fond du vase, tandis que certains détails sont rehaussés d’or, ce qui donne à la figure fantastique profondeur et vie. L’inspiration chinoise de la pièce est particulièrement sensible dans les motifs qui ornent le vase. Le dragon est un motif éminemment extrême-oriental ; le traitement des nuages s’inscrit également dans un mode de représentation orientalisant ; enfin, les flammes sont représentées de la même manière dans l’art chinois que sur notre vase. Il est même probable qu’un modèle chinois existant ait été copié pour la réalisation de cette pièce. Le musée Saint-Louis conserve dans ses collections un vase identique à celui-ci. — Cristallerie Saint-Louis, avant 1900

Cristallerie Baccarat, encrier « La Vague » 1909 La cristallerie conçut cet encrier en cristal moulé et repris orné d’éléments en bronze doré, témoignage de l’alliance entre le travail du verre et celui des bronziers spécialisés dans l’art décoratif. Le cristal prend la forme d’une vague creusée, au sommet de laquelle repose une sirène en bronze doré ; sa chevelure ondulante souligne la nudité de son corps, à la pose alanguie et sensuelle. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence et de sa créativité aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Les deux réservoirs d’encre s’inscrivent pleinement dans le thème maritime : ils adoptent la forme d’un coquillage et d’un panier de pêche, entourés d’algues au mouvement tourbillonnant. Ce chef-d’œuvre de l’Art Nouveau fut exposé lors de l’Exposition internationale de l’Est de la France, à Nancy, en 1909. Il témoigne de l’influence des arts japonais sur les artistes occidentaux, notamment de La Grande vague de Kanagawa de Hokusai. L’encrier « La Source », créé par Paul Aubé en 1898, servit de source d’inspiration pour « La Vague », onze ans plus tard. Cette dernière est davantage significative de l’influence des arts extrême-orientaux. L’encrier « La Vague » s’inscrit également dans la lignée de la création de la sublime nef en cristal que Baccarat présenta à l’Exposition Universelle de 1889, aujourd’hui conservée au Petit Palais, à Paris. — Baccarat, 1900

Ce vase au lion fut exécuté par la verrerie Daum. Il s’agit d’un modèle qui fut présenté lors de l’Exposition Universelle qui eut lieu à Chicago en 1893, sans base en vermeil. Fondée à Nancy en 1878 par Jean Daum, la verrerie Daum fut rapidement reprise par ses fils, Auguste et Antonin. A partir de ce moment, des créations de plus en plus complexes d’un point de vue technique y furent conçues. Un lion dit « rampant » façon agathe rouge, rehaussé d’or, se détache sur un fond granité rouge, laissant apparaître par endroit une deuxième couche de verre, de couleur verte. L’arrière du vase est entièrement ouvert sur cette deuxième couche granitée verte, ornée de décors s’inscrivant dans un chevron renversé et évoquant l’héraldique. Le col du vase présente le même traitement que le lion. Sa base est en vermeil (argent doré). Le vase est signé « Daum / Nancy / ☨ », sous la base. Les jeux des couches, des couleurs et du rendu des matières font de ce vase un bel exemple de l’excellence de la verrerie Daum dans les dernières années du XIXe siècle. Un autre exemplaire de ce vase est passé en vente chez Tajan en 2015. Celui-ci présente de légères variations dans le creusement du verre. la couche de verre de couleur verte transparaît davantage autour de la figure léonine. — Daum, vers 1893

Cette paire de vases aux chardons fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1890. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ces vases furent réalisés en cristal clair soufflé imprimé de motifs de feuilles ; pour le décor, il fut doublé de cristal améthyste orné d’un décor émaillé au champlevé noir et or. Deux fleurs de chardon s’enroulant autour du corps des vases, se répondent selon une symétrie axiale. Les deux vases reposent sur un socle en bronze doré, sous la base desquels se trouve le cachet de la marque. Le vase aux népenthès de Baccarat, conservé en collection particulière, fut réalisé à l’aide des mêmes techniques. Le cristal présente un traitement de surface identique. Il présente un décor de népenthès. Comme les chardons, cette plante est rendue de manière très naturaliste. Ce vase fut présenté lors de l’Exposition internationale de l’Est de la France en 1909. — Baccarat, vers 1890

Paire de vases carrés aux cerisiers en fleur et aux oiseaux, vers 1880 La grande transparence du cristal permet de mettre en valeur le fin décor émaillé d’or exécuté sur la surface des vases. Leur forme carrée est caractéristique de la production de la manufacture à cette époque. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Sur les vases, deux cerisiers en fleur se répondent selon une symétrie axiale. L’un est recouvert de feuilles, tandis que l’autre est seulement fleuri. Les détails du décor, très fins, sont exécutés en relief. L’influence du japonisme est perceptible dans le choix de l’iconographie et dans l’exécution du décor. La cristallerie Baccarat, novatrice dans son adhésion précoce au japonisme, créa un flacon sur pied entre 1880-1890 en cristal soufflé, conservé au musée d’Orsay. Ses décors émaillés et cernés d’or sur le cristal transparent sont issus d’un travail identique à celui de ce vase. — Baccarat, vers 1880

Cette paire de vases noirs au décor doré japonisant fut exécutée par les cristalleries du Val Saint-Lambert vers 1880. Fondée en 1826, la cristallerie du Val Saint-Lambert connaît son apogée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. La couleur noire du cristal hyalite est obtenue grâce à l’injection de scories ou de soufre dans le verre. Ce fond sombre met en valeur le décor peint à l’or. L’association de ces deux teintes permet d’imiter la laque chinoise ou japonaise, qui fascine les artistes européens depuis le XVIIIe siècle. Ces vases s’inscrivent ainsi dans la vogue du japonisme qui marque le monde artistique à la fin du XIXe siècle. Le décor peint à l’or, en relief par endroits, représente un paysage de pagodes entourées de palmiers et survolées par des échassiers. Le musée du verre de Charleroi conserve un vase d’un modèle très proche de celui-ci, daté d’après 1879. — Cristalleries du Val Saint-Lambert, vers 1880

Cette paire de vases au décor japonisant fut réalisée par la cristallerie Baccarat vers 1900. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Elle créa ces vases en forme de balustre en verre opalin reposant sur une monture de bronze patiné. Ce verre précieux est orné d’un décor naturel d’une grande poésie. Leur décor les inscrit dans la vogue du japonisme à la fin du XIXe siècle : sur un fond gris comme nuageux et pailleté d’or se détachent des branches de cerisiers en fleurs sur lesquelles sont posés deux oiseaux, probablement des sittelles bleues et des pies-grièches rouges, deux espèces asiatiques. À l’arrière-plan, la pleine lune côtoie un cartouche circulaire peint à l’imitation des estampes japonaises. Rappel stylistique du corps du vase, la monture en bronze présente également un style orientalisant. Baccarat créa d’autres vases au décor proche, conservés au Corning Museum of Glass. — Baccarat, 1900

La libellule et le martin-pêcheur : un plat signé Théodore Deck Notre plat en faïence émaillée présente un riche décor, digne de l’illustration d’un conte, signé par Théodore Deck. Il porte le cachet du céramiste et date des années 1890. Ce décor réunit un martin-pêcheur et une libellule dans un cadre floral et aquatique, nourri de fleurs de nénuphars. L’ensemble est naturaliste et poétique. Il renvoie à l’imaginaire des arts d’Extrême-Orient, en particulier du Japon. Le nénuphar est une fleur que l’on retrouve notamment dans les estampes japonaises. La libellule est également un symbole très utilisé au Japon, l’île principale de l’archipel étant parfois associée à ce ravissant insecte en raison de sa forme. Le martin-pêcheur, appelé Shinkansen en raison de son bec effilé, est aussi un oiseau fréquemment convié dans la culture visuelle japonaise. — Théodore Deck, 1890

Beauté et simplicité : Plat à décor floral de Théodore Deck Réalisé vers 1880-1890, ce grand plat décoratif est l’œuvre de Théodore Deck. Théodore Deck est un céramiste très réputé de la seconde moitié du XIXe siècle. Il est connu pour sa technique virtuose et sa science des couleurs. Le décor foisonne de détails en lien avec la nature. Fleurs, papillons, feuillages délicats ornent avec délicatesse et harmonie un fond blanc d’une grande sobriété. Conformément à son goût, Deck trouve son inspiration dans les motifs d’Extrême-Orient. Le musée des Arts Décoratifs conserve un plat similaire, également à fond blanc, réalisé en 1867. — Théodore Deck, 1880-1890

Le chef-d’œuvre japonisant de André-Fernand Thesmar et Barbedienne. Pièce rarissime, ce grand vase est l’œuvre d’André-Fernand Thesmar. Il fut réalisé en 1873. Thesmar est un peintre et émailleur français travaillant pour la Fonderie Barbedienne. En 1875, il est honoré de la médaille d’or de l’Union centrale des arts décoratifs. Le nom de Barbedienne est, quant à lui, un monument dans l’histoire de la fonderie d’art (petits bronze d’édition et objets décoratifs). De forme ovoïdale et de taille impressionnante, ce vase est une prouesse technique. La cuisson d’une pièce de cette ampleur dans un four est extrêmement difficile. Son décor japonisant est d’une grande magnificence. Il représente des colverts et des libellules volant à fleur d’étang au milieu des roseaux et des fleurs de nénuphars. Le bleu du ciel, par son rendu atmosphérique, offre des dégradés subtils tirant jusqu’au rose. Thesmar utilise une technique proche de celle du cloisonné, s’inspirant de l’émaillage japonais. Elle demande une grande habilité et une profonde délicatesse. A ce jour, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’une pièce unique, qui ne connaît aucun équivalent dans la production de Thesmar. Sa rareté est confirmée par la signature complète de l’artiste en toutes lettres. Un plat réalisé par Thesmar pour Barbedienne, exposé au Salon de 1875, présente un décor tout à fait similaire. Il est conservé au musée national de la Céramique de Sèvres. — André-Fernand Thesmar et Barbedienne, 1873

La table aux masques fantastiques d’Edouard Lièvre. Un meuble japonisant exceptionnel. Conçue vers 1878, cette table de milieu est un chef-d’œuvre d’Edouard Lièvre, précurseur du Japonisme en France. Destinée à être la pièce maîtresse d’un salon, elle servait à exposer des objets précieux. Les matériaux, comme la finition, sont luxueux. La couleur sombre du palissandre, bois exotique rare, est rehaussée par des ornements à patine vieil or. Dans sa partie ajourée, la ceinture de notre table comporte un symbole évoquant l’idéogramme shou, synonyme de longévité. Ornemaniste et ébéniste de renom, Edouard Lièvre était fasciné par les arts d’Extrême-Orient. Les masques fantastiques se réfèrent aux têtes de lion ou de dragon qui ornent le haut des pieds. Ces créatures orientales se meuvent en une chute de rinceaux végétaux recouvrant les quatre pieds en cabriole. Des cartouches patinés vieil or et ajourés, ainsi qu’un brûle-parfum à motif de rinceaux végétaux, sont insérés dans la barre centrale de l’entretoise. Le musée d’Orsay conserve un exemplaire identique à notre table. Seules la nature et la couleur du marbre formant son plateau sont différentes. A notre connaissance, Edouard Lièvre a créé huit tables de ce type, présentant toutes un plateau de marbre unique. Celui de la galerie Marc Maison est en marbre brocatelle d’Espagne. Le modèle de cette table entièrement en bois et sans ornement en bronze peut être considéré comme le prototype du modèle des huit tables. L’un des huit exemplaires de la Table aux masques fantastiques, encore non localisé, est mentionné dans le catalogue de la succession d’Edouard Lièvre en 1887. Edouard Lièvre est également célèbre pour avoir conçu le spectaculaire lit de parade à baldaquin de la courtisane Valtesse de La Bigne (1877), conservé aux Arts Décoratifs. — Edouard LIEVRE, 1878

Fleurs et paillons d’or : un vase en céramique d’exception d’Emile Gallé. Signé du nom d’Emile Gallé, notre vase est une pièce rare. Il fut façonné à Nancy en 1884. Cette œuvre, juste antérieure à la vague de l’art nouveau, révèle le talent précoce de Gallé. A cette époque, Gallé étudie la minéralogie et développe sa passion pour les sciences naturelles. Afin d’évoquer la nature, l’artiste n’hésite pas à user de techniques complexes. La faïence comporte des inclusions de parcelles métalliques qui lui donnent un caractère précieux. Le décor floral est ainsi illuminé par des paillons d’or. Du rouge-brun vers le jaune d’or, le dégradé de couleurs est particulièrement chaleureux et élégant. Le bord du vase est orné d’un décor végétal. A l’image de nombreuses créations de Gallé, ce vase est plus proche de l’œuvre d’art que du simple objet décoratif. Source d’émotion, il s’adresse autant à l’œil qu’à l’esprit. On connaît un vase d'une taille plus importante, qui a été présenté à l'exposition de l'union centrale des arts décoratifs de 1884. Dessinée par Gallé, une étude préparatoire d’un vase de la même période est conservée au musée d’Orsay. — Émile Gallé, 1863 - 1877

Un décor floral sur fond or : un plat en céramique émaillée d’Amalric Walter. Créé vers 1900, ce plat en céramique émaillée s’inscrit dans la mouvance de l’Art Nouveau. Il est redevable au talent d’Amalric Walter. Formé à la Manufacture de Sèvres, Amalric Walter est un maître-verrier célèbre pour ses faïences et ses pâtes de verre. A partir de 1905, il devient un collaborateur précieux au sein de la cristallerie Daum. Walter est connu pour son talent technique, salué pour sa maîtrise des dégradés de couleurs, d’effets allant de l’opaque au translucide, sa science des détails. Le jeu des matières et des couleurs fait la beauté de cette pièce. Le fond or, conçu grâce à la technique des paillons d’or sous glaçure, est d’une remarquable préciosité. — Amalric Walter, 1900

La pendule aux éléphants. Un modèle orientalisant de Matifat présenté au Crystal Palace en 1851. Emblématique des créations de Charles Stanislas Matifat, cette spectaculaire pendule témoigne d’une inspiration orientalisante. Evoquant une architecture royale des Mille et une nuits, mêlant or et couleurs, elle se caractérise par ses deux éléphants ornant la base. Le modèle de cette pendule riche et précieuse fut présenté lors de la première exposition universelle, organisée à Londres en 1851. Il fut exposé sur le stand de Matifat au sein du prestigieux Crystal Palace. A cette occasion, Matifat fut récompensé par une médaille de 2e Classe. Charles Stanislas Matifat était loin d’être inconnu. Fondateur d’une fabrique et d’un magasin de bronzes décoratifs en 1820, il jouit d’une belle notoriété. Ses talents sont loués dans la presse, ainsi que par la commission française de l'Exposition de 1851. « M. Matifat s'est appliqué à chercher des formes nouvelles, variées et élégantes. Ce fabricant intelligent et d'un goût délicat apporte autant de soin dans l’exécution que dans le choix des modèles ». A ce moment, Matifat invente un procédé d’émail vitreux sur bronze, qui lui permettra de créer des décors d’une grande finesse. Charles Stanislas Matifat présenta ses créations à l’occasion d’autre expositions internationales ou universelles, toujours élégantes, gracieuses et d’une grande délicatesse d’exécution. — Charles Stanislas Matifat, 1851

Une garniture de cheminée dans l’esprit de la Renaissance Par Paul Soyer Cette garniture de cheminée se compose d’une pendule et de deux cassolettes. L’ensemble fut réalisé vers 1875. Chaque pièce présente une combinaison subtile de bronze doré et argenté ainsi que d’émaux peints. Les cassolettes (formant vases ou urnes) sont ornées d’un décor de putti en ronde bosse en bronze ainsi que d’émaux figurant des personnages de la Renaissance. La pendule adopte une forme architecturale ouvragée évoquant le style de la Renaissance. Elle est ornée de panneaux d’émaux peints représentant un masque grotesque et deux chérubins encadrant un vase à fleurs. Paul Soyer est l'un des plus importants émailleurs du XIXe siècle. Cet ensemble, particulièrement riche et décoratif, s’inscrit dans le goût du Second Empire. Un modèle de pendule similaire, daté des années 1875, est conservé au musée d’Orsay. La galerie Marc maison présente un modèle analogue dont la taille est plus importante. — Paul Soyer, 1875

Une pièce unique d’Ernest Chaplet et de Ringel d’Illzach : La Grande Tombola des nations Ce vase ovoïde est une pièce unique dans la production d'Ernest Chaplet, l'un des plus talentueux céramistes du XIXe siècle. Fruit de la collaboration entre Ernest Chaplet et la faîencerie Haviland. Notre vase porte la signature du céramiste Ringel d’Illzach. Son décor original représente une scène de loterie et de fête urbaine, se développant sur la panse tel un véritable tableau. Dans ce décor vivant, l’ambiance est aux festivités populaires, sur fond de cheminées d’usine. Le jeu de la tombola est symbolisé par une roue de loterie, dite aussi de la chance. Dans la foule, la présence d’un soldat évoque l’ambiance des années 1870-1871. Peut-être s’agit-il d’une tombola au bénéfice des militaires français, Paris ayant subi un siège puis l’évènement de la Commune. D’autres personnages assistent aux préparatifs de numéros de cirque (la danseuse, l’homme fort). Le thème fut illustré, à la même époque, par Eugène Grasset, Toulouse-Lautrec ou Georges Seurat. D’un aspect mat et minéral, ce vase est traité à l’engobe turquoise, en relief et gravé, rehaussé de dorure. Son exécution est précise, fine et audacieuse. La Galerie Marc Maison présente également sur son site un plat en grès de 1884, signé par Chaplet et Ringel d’Illzach. Cette pièce fut acquise par le prestigieux musée d’Orsay en 2022. — Ernest Chaplet et Ringel d’Illzach, 1884

Pendule double face persane de Charles Stanislas Matifat Réalisée pour le marché européen et ottoman-perse, notre pendule porte la signature de Charles Stanislas Matifat et la date de 1851. Matifat est considéré comme l’un des plus notables fondeurs d’art parisien du milieu du XIXe siècle. Ses pendules, vases, lustres, fontaines et objets décoratifs étaient réputées pour leur précision, leur raffinement et leurs finitions soignées. Le modèle de notre pendule fut présenté dans la section française de l'Exposition Universelle de Londres de 1851. Le stand de Matifat se trouvait au cœur du célèbre Crystal Palace et suscita une grande admiration de la presse et du jury de l’Exposition. Richement ornementée, évoquant les arts décoratifs persans, cette création présente les qualités d’une pièce d’orfèvrerie. Elle offre deux cadrans en émail blanc. Cette particularité permet d’afficher à la fois l’heure européenne (celle de Paris ou de Londres) et l’heure en chiffres turcs. A ce moment, Matifat invente un procédé d’émail vitreux sur bronze, qui lui permettra de créer des décors d’une grande finesse. Matifat est connu pour ses pièces d’art décoratif, appréciées par Charles Garnier, mais il fondit aussi des sculptures monumentales signées Carpeaux ou Frémiet. — Charles Stanislas Matifat, milieu du XIXe siècle

“Sauve qui peut” : Une création de Louis-Robert Carrier-Belleuse pour la Faïencerie de Choisy-le-Roi Vase d’une grande originalité, cette œuvre est de la main de Louis-Robert Carrier-Belleuse, fils de l’éminent sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse. Portant le titre de Sauve qui peut (inscrit dans la base), ce vase de couleur rouge présente un décor de putti fuyant, formant une ronde. Ils semblent craindre un être hybride placé plus haut sur la panse, tout droit sorti du romantisme noir. L’ensemble est plein de fantaisie et d’humour. La version en plâtre de ce vase fut exposée pour la première fois au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1896. L’œuvre est médaillée. Au Salon de 1898, Carrier-Belleuse présente sa version en grès, aux côtés de trois autres vases intitulés Hercule et Omphale, Enfants et papillons et Musique. En 1900, notre vase fut reproduit dans la revue La Décoration ancienne et moderne. Louis-Robert Carrier-Belleuse connut une très belle carrière dans le domaine des arts décoratifs. Pour la faïencerie de Choisy-le-Roi, il conçut de nombreux modèles de grande qualité, dont ce vase couvert est un témoin exceptionnel. Formé par son père, ainsi que par Gustave Boulanger et Alexandre Cabanel à l’école des Beaux-Arts, il dirigea les travaux d’art de la faïencerie de Choisy-le-Roi. — Louis-Robert Carrier-Belleuse, 1898

« Le village secret des souris » : un ensemble japonisant de la Maison Ch. Pillivuyt & Cie Nos douze assiettes en porcelaine sont une création originale de la manufacture Ch. Pillivuyt & Cie, médaillée à l’exposition universelle de 1867. Le thème s’inspire de deux œuvres du maître de l’estampe japonaise, Hokusai. Elles appartiennent à la Manga, son célèbre ensemble de croquis. Ce décor est caractéristique de l’essor du Japonisme dans les arts occidentaux à compter des années 1860. A l’image d’une fable, ce décor met en scène un peuple de souris occupées à diverses activités propres à l’humain. Les petits personnages sont vêtus à la japonaise. Le paysage, au travers du mont Fuji, évoque également le pays du Soleil levant. Importante manufacture, la maison Pillivuy a modernisé l’art de la porcelaine. Charles Pillivuyt fut un pionnier dans la fabrication de pâtes de qualité, sans recours à la traditionnelle terre de Limoges. A partir de terres du Cher et de l’Allier, il perfectionna la cuisson de la porcelaine en délaissant le bois au profit de la houille. La manufacture est connue pour l’excellence de ses décors en couleurs, réputés d’un éclat vif et inaltérables. Une collection de cinq assiettes et un plat à gâteau relevant de ce modèle sont aujourd’hui conservés au Cooper Hewitt Smithsonian Museum de New York. — Ch. Pillivuyt & Cie, 1867

Un grand cabinet de style Néo-Renaissance Le décor d’émaux peints par Théophile Soyer De style néo-renaissance, ce luxueux cabinet de présentation en noyer ciré a été façonné entre 1875 et 1880. Monumental, il est composé de deux corps et de deux portes vitrées. Riches de sculptures et d’ornements, notre cabinet fait référence au mobilier d’apparat de style Henri II. Son remarquable décor de plaques en émail peint est signé par Théophile Soyer, l’un des plus grands émailleurs de la seconde moitié du XIXe siècle. Formé en tant que peintre à l’Ecole des Beaux-arts et spécialisé dans les créations d’inspiration historique, Soyer était un grand érudit. En noir et blanc, ces émaux furent réalisés dans les premiers temps de la carrière de Soyer. Plus tard, l’artiste sera médaillé aux expositions universelles de 1889 et 1900. Deux plaques ovales bombées en émail représentent d’un côté Apollon terrassant le serpent python, de l’autre Diane chasseresse. Quatre panneaux ornés de plaques rectangulaires en émail représentent les saisons incarnées par des putti. Les pièces de marbre en noir marquina carrées et rectangulaires viennent joliment compléter le décor d’émail. Des éléments de couleur or, tels que les carquois du Dieu et de la Déesse, rehaussent l’ensemble. — Théophile Soyer, 1875 - 1880

Un décor impressionniste : Grand vase en faïence de Louis Auguste Lepère pour la Faïencerie Laurin. Conçu entre 1875 et 1878, ce grand vase ovoïde est une prouesse technique en raison de sa taille et de son décor. En faïence, le décor polychrome est réalisé à la barbotine, suivant un procédé mis au point par Ernest Chaplet à la faïencerie Laurin à Bourg-la-Reine en 1871. La technique de la peinture à la barbotine fut affectionnée pour confectionner les céramiques impressionnistes, en particulier par Auguste Lepère. Ce peintre, proche de Félix Bracquemond, est l’auteur du décor paysager qui orne notre vase. Il représente un paysage maritime normand, entre Dieppe et Etretat, aux falaises caractéristiques. Le décor se développe telle une toile panoramique, magnifiant la beauté du ciel et illustrant les activités des pêcheurs. La touche, vibrante et libre, évoque le style d’Eugène Boudin. La panse de notre vase est agrémentée de deux têtes de lions modelées en relief. Il repose sur un socle en noyer sculpté et teinté simulant un marécage peuplé de grenouilles. Nous connaissons un autre vase similaire qui appartenait anciennement à la Galerie Vauclair. — Louis Auguste Lepère et la Faïencerie Laurin, 1875 - 1878

Exceptionnel service à thé japonisant Par la Manufacture Jules Vieillard & Cie Rarissime, ce magnifique service compte vingt-sept faïences fines au décor d’émaux polychrome sur fond vert saupoudré d'or. Il se compose d’une théière, un pot à lait, un sucrier et douze tasses accompagnées de leurs assiettes. Ce travail d’exception est attribué à Amédée de Caranza, prestigieux collaborateur de la manufacture Vieillard et Cie, à Bordeaux, entre 1878 et 1886. Né à Constantinople et fils d’un céramiste, Caranza avait une connaissance très fine de l’art de la céramique et chercha sans cesse à mettre au point de nouveaux procédés. Éminent représentant du japonisme, Caranza était fasciné par les chefs-d’œuvre d’Hokusai, en particulier la « Manga ». Il s’inspire ici des postures des personnages d’Hokusai pour mettre en scène animaux et créatures fantastiques. Caranza rend d’ailleurs hommage au maître de l’estampe japonaise en citant sa signature et l’idéogramme formant la fin du mot « manga ». L’utilisation de la poudre d’or est caractéristique de la contribution de Caranza aux activités de la manufacture Vieillard, dont il fut le brillant chef d’atelier. — Jules Vieillard & Cie, 1878 - 1886

"Élégance et virtuosité : Le Vase des Acrobates, une collaboration d'exception entre Ernest Chaplet et Ringel d’Illzach" Son apparence métallique est le fruit d'une technique de terre cuite extraordinaire. Le décor tournant en ronde bosse est précis et finement exécuté. Des personnages en mouvement, adoptant des poses acrobatiques singulières évoluent dans un décor délicatement gravé d'or et d'émail. Des papillons virevoltants ajoutent une touche de poésie. La marque en forme de chapelet, en or et émail, orne le sommet du col. Le vase porte la signature d’Ernest Chaplet et celui de la faïencerie Haviland. Cette oeuvre témoigne du talent exceptionnel d'Ernest Chaplet. Cette pièce s'inscrit dans la période de l'Atelier Haviland dirigé par Ernest Chaplet . Deux autres exemplaires, légèrement différents, sont connus. L'un est exposé au Musée d'Orsay et l'autre au Musée Bertrand à Châteauroux. — Ernest Chaplet et Ringel d’Illzach, 1895

De roses et de campanules : le précieux panneau en marqueterie de porcelaine de Julien-Nicolas Rivart Panneau décoratif d’une grande finesse, cette création est l’œuvre d’un talent unique : Julien-Nicolas Rivart. Ébéniste et peintre sur porcelaine, Rivart mit au point une technique originale en 1849 : la marqueterie de porcelaine. Notre panneau est une œuvre précieuse réalisée grâce à cette technique innovante et inégalée dans l’histoire des arts décoratifs. Le procédé consiste à mouler la forme en pâte de porcelaine tendre, cuite une première fois à très haute température puis égalisée à la meule. Émaillée, la pièce est cuite une seconde fois, puis peinte et chauffée pour fixer les couleurs. Les éléments en porcelaine sont ensuite ceints dans le panneau d’un bois recherché, selon les techniques de la marqueterie. Notre panneau présente un riche décor floral, composé de roses et campanules à feuilles rondes, d’une grande délicatesse et aux couleurs éclatantes. Les rinceaux plus fins, tels que les tiges de fleurs, peuvent être en résine de couleurs ou en bois d’essences de teintes variées. Admirées par Napoléon III sous le Second Empire, les œuvres de Rivart sont élégantes et subtiles. L’ébéniste conçut d’autres pièces de mobilier précieux, ornées de décors floraux, que la Galerie Marc Maison est heureuse de présenter. — Julien-Nicolas Rivart, 1849 - 1867

Le Printemps Une œuvre de Théophile Soyer d’après Eugène Grasset Ce tableau en émail polychrome, peint sur une plaque de cuivre, est l’œuvre de l’émailleur de renom Théophile Soyer. Signé, il date des années 1890. Fils de Paul Soyer, Théophile Soyer appartient à l’une des plus importantes dynasties d'émailleurs du XIXe siècle. La scène représente une jeune femme cueillant des iris. Dans un paysage bucolique, la draperie au vent, elle est une allégorie du printemps. Rappelant l’esthétique préraphaélite, son corps diaphane et les traits doux de son visage évoquent les œuvres de Botticelli Son bord ajouré, translucide, simule un effet de plique-à-jour. Ce cadre apporte légèreté et préciosité à l’ensemble. Théophile Soyer s’est inspiré d’un dessin d’Eugène Grasset, célèbre auteur d’affiches, de bijoux, de vitraux et d’illustrations dans le style Art Nouveau. Le dessin de Grasset est également à l’origine d’une verrière intitulée Le Printemps et conservée au Musée des Arts Décoratifs à Paris. Cette verrière fut exposée, avec son pendant Après-midi d’Automne, dans la section d’architecture du Salon du Champ de Mars en 1894. — Théophile Soyer, 1890

Un porte-document au précieux décor de porcelaine par Julien-Nicolas Rivart Pièce extrêmement rare, notre porte-document en cuir présente un décor en marqueterie de porcelaine d’une grande finesse. Il s’agit d’un travail très original, les porcelaines de Rivart étant habituellement incrustées sur des pièces de mobilier en bois. Ses décors forment de véritables tableaux de fleurs. L’objet se métamorphose en bijou. Recouvert de cuir, ce porte document comporte deux compartiments doublés de tissus moirés. La porcelaine apporte délicatesse et brillance au cuir mat. Rivart, grand nom des arts décoratifs sous le Second Empire, avait renouvelé l’art de la marqueterie en remplaçant le traditionnel placage en bois par une fine marqueterie en porcelaine. Dans les années 1850, Rivart est salué dans la presse pour son brevet et sa maîtrise technique. Son brevet prévoyait l’incrustation de porcelaine sur différents supports, tels que le bois, le carton, le cuir ou le velours et même le marbre mais très peu de ses réalisations nous sont parvenues en dehors du mobilier. — Julien-Nicolas Rivart, 1849 - 1867

Scène bucolique à l’escarpolette : Une fantaisie décorative de Théodore Deck et Eugène Gluck Ce grand plat, façonné par le grand céramiste Théodore Deck et peint par Eugène Gluck, est une création datée de 1866. Entièrement décorative, notre pièce présente une scène digne d’un tableau d’Antoine Watteau. Il s’agit d’une fête galante dans un cadre bucolique. Les costumes renvoient à l’imaginaire de la Renaissance. Le centre du décor est occupé par une jeune fille sur une escarpolette, un siège suspendu par des cordes permettant de se balancer. Il s’agit d’un jeu pouvant s’avérer mutin, lorsque le caleçon long ou les jupons sont dévoilés par le vent. Deux jeunes femmes, richement parées, sont en conversation tandis qu’un couple se conte amourette. Le céramiste Théodore Deck est réputé pour son savoir-faire technique et ses collaborations avec les artistes. Ici, il s’attache le talent d’Eugène Gluck, peintre et illustrateur, originaire comme lui du Haut-Rhin. Théodore Deck et Eugène Gluck collaborent à partir de 1862. A cette époque, Gluck présente au Salon des scènes historiques pittoresques, dans la veine de ce décor. Des œuvres de Deck sont conservées au musée d’Orsay et au musée des Arts Décoratifs à Paris, ainsi qu’au Metropolitan Museum de New-York. — Théodore Deck et Eugène Gluck, 1866

Quand l’émail devient portrait. Les deux jeunes filles, par Paul Soyer Conçus comme un pendant, ces deux portraits de jeunes filles sont signés Paul Soyer, graveur et émailleur parisien. Ils datent des années 1880. Ils relèvent d’une technique particulière, que Soyer apprit à maîtriser aux côtés de son maître Claudius Popelin : l’émail en teinte or et grisaille sur cuivre. Sur une plaque de cuivre préparée, le portrait est délicatement peint au pinceau par l’artiste. La plaque est ensuite émaillée suivant une technique très ancienne, dite du blanc ou de la grisaille , qui permet d’obtenir des détails d’une grande finesse, parfois réalisés à l’aiguille. La cuisson de la plaque requiert des températures plus douces que pour les émaux traditionnels. L’opération est répétée jusqu’à trois ou quatre fois pour obtenir un résultat d’une telle qualité. Observons la beauté des chairs de ces deux élégantes de la Belle Epoque, l’intensité de leur regard, la finesse de leur chevelure et la précision dans le rendu des tissus et bijoux. A la même époque, Popelin continue lui aussi de pratiquer cette technique rare. Le musée d’Orsay conserve ainsi quelques émaux peints en teinte or sur cuivre, dont le portrait du prince Louis-Napoléon. — Paul Soyer, 1880

Paysage méditerranéen : un rare plat irisé de Delphin Massier Réalisé vers 1900, ce magnifique plat en céramique à lustre métallique est signé par Delphin Massier. Basé sur la Côte d’Azur, les frères Massier sont à la tête d’une poterie artistique célèbre. A la fin du XIXe siècle, leurs créations d’une grande distinction ornent les salons des riches hôtels particuliers de la Riviera. Les Massier travaillent également pour les têtes couronnées de toute l’Europe. Les Massier sont considérés comme les pères de la poterie décorative de Vallauris, promise à devenir très célèbre au XXe siècle. Plat large et spectaculaire, il rend hommage au paysage des bords méditerranéens, plein d’iridescences grâce à l’emploi de la technique du lustre métallique. Le cadrage du paysage, la quiétude de la vue associés aux couleurs renvoient à l’inspiration japonisante. Réalisé dans une technique similaire, un plat signé par Clément Massier, frère de Delphin, figure dans les collections du musée d’Orsay, à Paris. — Delphin Massier, 1900

Un guéridon au décor d’émail rarissime de la faïencerie de Rubelles Notre guéridon plaqué de palissandre, au plateau orné d’émaux ombrants d’un beau vert profond, est une pièce tout à fait exceptionnelle. Réalisé entre 1842 et 1844, ce décor d’émail est l’œuvre de la faïencerie artistique de Rubelles, près de Fontainebleau. Possiblement retiré de l’Exposition du commerce et des produits de l’industrie en 1844, notre guéridon est le seul exemplaire connu à ce jour. A la fin du XIXe siècle, ses créations sont très prisés des connaisseurs qui se les disputent « à prix d’or ». Elles étaient comparées aux plus belles porcelaines anglaises. Très rare, ce décor est en faïence lithophanique, une technique mise au point par le baron de Bourgoing en association avec Alexis du Tremblay, propriétaire du château de Rubelles. Directeurs de la Manufacture de Rubelles, les deux associés exploitèrent ce procédé original durant une quinzaine d’années. Il permet d’obtenir des effets de transparence dans la porcelaine. Les dessins sont rendus en dégradés, depuis les ombres opaques jusqu’à des lumières très translucides. — Rubelles, 1842 - 1844

Un navire égyptien précieux, Une faïence rare d’Emile Gallé Prenant pour thème l’Antiquité méditerranéenne, Emile Gallé est l’auteur de cette pièce rare et originale. Céramiste et verrier, Gallé est l’un des plus grands noms du courant Art Nouveau et le fondateur de l’Ecole de Nancy. Cette coupe en faïence vernissée, au riche décor polychrome enrichi de paillons d’or, s’inspire de l’Egypte pharaonique. Adoptant la forme d’un navire égyptien, notre coupe présente un décor riche en symboles liés à cette culture orientale mythique : un scarabée, un lotus et des ornements géométriques. — Emile Gallé, XIXe siècle

Les vases persans de la Manufacture de Sèvres : un modèle historique Notre paire de vases compte parmi les belles pièces du décor bourgeois de la Belle Epoque. Le modèle, dit « Bouteille persane », fut créé par la Manufacture de Sèvres en 1874, d’après un prototype (en métal) perse. La Manufacture de Sèvres édita d’autres exemplaires de ce modèle, comportant des variantes de teintes et d’ornements. Il fut choisi par Ernest Carrier-Belleuse, sculpteur de renom qui prit la direction artistique de la Manufacture entre 1874 et 1887. La particularité de la bouteille persane est de présenter un goulot très allongé, en porcelaine blanche généralement ornée de motifs ou d’aplats de couleur bleue. La paire de vases que nous présentons fut façonnée en 1887. Ils sont en porcelaine sous couverte bleu cobalt unie. Le décor, composé de fins liserés dorés, date de 1888. Le bleu est considéré comme la couleur fétiche de la céramique venue de Perse, culture qui intéresse de près les faïenciers de la seconde moitié du XIXe siècle. L’époque, fatiguée par les fantaisies néo-grecques et néo-étrusques, est en effet férue de références exotiques et orientales. — Manufacture de Sèvres, 1874

Variation nocturne : une création rare d’Emile Gallé Notre plat en faïence, rehaussé de dorure, est un objet d’exception. Réalisé entre 1863 et 1890, il porte la signature d’Emile Gallé, fondateur de l’Ecole de Nancy. Sa forme singulière peut tout d’abord évoquer un nuage. Mais l’explication est plus subtile encore. Il représente un ancien château médiéval, gagné par les feuillages, au bord de l’eau. Des chauves-souris volent dans le ciel. Elles apportent un air de mystère à ce paysage inspiré du romantisme noir. En effet, le décor évoque à tout point de vue les dessins de Victor Hugo, dont les vers ont souvent inspiré Gallé. A présent, nous comprenons les formes curieuses qui bordent le plat et entourent la scène : il s’agit de deux silhouettes de chauve-souris. Un plat comparable est conservé au musée de l’Ecole de Nancy. Mais notre exemplaire est plus riche. Il est le seul exemple connu présentant l’application d’une dorure, ce qui entraîne une cuisson supplémentaire. Il s’agit d’une pièce tout à fait exceptionnelle. — Emile Gallé, 1863 - 1890

Daphnis et Chloé : Un tableau de Jeanne Lemerle-Soyer en émail Présentée comme un véritable tableau, cette plaque rectangulaire émaillée est l’œuvre de Jeanne Lemerle-Soyer. Elle est signée et datée de 1900. La scène représente Daphnis et Chloé, sujet bucolique et charmant symbolisant la naissance de l’amour. Le thème est issu d’une pastorale de l’écrivain antique Longus. Cette œuvre littéraire célèbre a inspiré de très nombreux artistes tels que Jean-Baptiste Carpeaux, le Baron Gérard, Mathurin Moreau ou Marc Chagall. Elle inspira aussi le compositeur Ravel. Ode à la jeunesse, le couple est représenté de manière tendre, dans un décor naturel. Cette belle scène est ceinte dans un cadre formé de plaques d’émail ornées dans le style Art nouveau. Née Soyer, Jeanne Lemerle est la fille du célèbre émailleur du XIXe siècle, Théophile Soyer. Présente dans les Salons artistiques de la Belle Epoque, elle est l’un des talents féminins de son époque. Plusieurs de ses œuvres sont conservées au musée d’Orsay, à Paris. — Jeanne Lemerle-Soyer, 1900

Trois muses parmi les fleurs : un triptyque rare de l’émailleur Dorval Objet rare et atypique, ce triptyque se compose de trois tableaux d’émail insérés dans un cadre de bois orné de fleurs en relief et garni de velours. Réalisé vers 1900, il est l’œuvre de l’émailleur Dorval, dont la signature figure sur le tableau central. Ces trois panneaux de cuivre émaillé rendent hommage à la beauté féminine associée à la poésie des fleurs. Telles des muses païennes, ces trois personnages sont d’inspiration symboliste chère à l’Art Nouveau. Dans un décor de bord de mer qui rappelle l’esthétique de Puvis de Chavannes, elles semblent se répondre dans cette ode à une nature idéale. Richement parées et vêtues, toutes trois sont coiffées de grandes fleurs de chrysanthème et portent d’opulents bouquets. Très décoratives, ces fleurs majestueuses sont associées à l’opulence, la féminité, à la noblesse. L’art des émaux peints sur cuivre, à l’honneur durant le Moyen ge et la Renaissance, fut redécouvert au XIXe siècle. Il s’apparente à l’art de l’orfèvrerie, tant la technique est délicate et subtile. — Dorval, 1800

Splendeur des arts décoratifs sous le Second Empire : Le vase à la grecque de la cristallerie Baccarat Chef-d’œuvre de la cristallerie Baccarat, notre vase en cristal doublé emprunte la forme d’un cratère grec. Il fut réalisé entre 1864 et 1867. Lors de l’exposition universelle de 1867, la célèbre cristallerie exposa des modèles relevant de ce style décoratif néogrec, très en faveur sous le Second Empire. Elle plaçait alors une partie de sa production sous le signe de Dionysos, figure majeure du panthéon mythologique. Notre exemplaire est le seul connu à ce jour à allier la forme d’un cratère et la couleur rose. Certains modèles présentant un décor similaire, mais de couleur bleue ou jaune, sont répertoriés par les spécialistes. Le décor, qui met en scène des motifs liés aux libations et aux agapes, est le fruit d’une technique complexe. Sur fond blanc opale, personnages et ornements sont gravés à l’acide fluorhydrique, selon la technique mise au point par le chimiste allemand Louis Kessler en 1855, dont Baccarat acheta le brevet en 1864. D’autres pièces de la cristallerie Baccarat présentant un décor comparable sont conservées dans d’importants musées, tels que le Corning Museum of glass, le Chrysler Museum à Norfolk ou le musée d’Orsay. — Baccarat, 1864 - 1867

Le vase d’Opaline : la magie de Baccarat au XIXe siècle La cristallerie Baccarat, manufacture de cristal française de renommée internationale, fut fondée sous Louis XV. Notre vase, réalisé au XIXe siècle, est en opaline. Laiteux, ce verre précieux est orné d’un décor poétique et animalier peint à la main. Il s’agit de mésanges, symboles du bonheur conjugal et de la fidélité, s’ébattant sur des branches. Ce vase est ceint d’une riche monture en bronze argenté. Elle fut conçue spécifiquement pour cette pièce. Cet objet richement décoré est le fruit de l’alliance de la magie du verre et du cristal à celle des bronziers spécialisés dans les arts décoratifs. Dits en « pattes de lion », les pieds renvoient à l’imaginaire de la Renaissance, très apprécié au XIXe siècle. La monture est ornée de figures et de détails ornementaux d’un grand raffinement. — Le vase d’Opaline : la magie de Baccarat au XIXe siècle

Le Chasseur au faucon Un tableau d’émail signé Théophile Soyer Véritable petit tableau en émail peint sur cuivre, cette œuvre est signée et datée « T. Soyer 1885 ». Ce portrait en pied représente un chasseur fauconnier en costume de la fin de l’époque médiévale. Il s’inscrit dans la poursuite du « Style Troubadour » très à la mode durant l’époque romantique. — Théophile Soyer, 1885

Inspiré des arts de l’Extrême-Orient : Le grand vase bleu de Théodore Deck Signé et portant le cachet du céramiste, ce grand vase turquoise est une création de Théodore Deck. Ce bleu, dit « bleu de Deck », est devenu la signature esthétique de ce céramiste de renom. Catalogué comme un cache-pot, ce grand vase est en faïence émaillée. Pour ses pièces originales et innovantes, Deck fut médaillé d’argent à l’Exposition universelle de 1867. Le décor témoigne de sa fascination pour les arts d’Extrême-Orient. Inspiré de vases japonais de la fin du XIXe siècle, il représente des dragons, créatures fantastiques venues de l’imaginaire asiatique. Une pièce ornée d’un décor comparable, et du même bleu éclatant, est conservée au Metropolitan Museum à New York. — Théodore Deck, 1880-1890

Vase de style oriental en verre émaillé au nom de Mohamed Une création de J & L Lobmeyr Portant en miroir sur sa panse le chiffre du nom de Mohamed, notre vase s’inscrit dans le goût orientaliste de la seconde moitié du XIXe siècle. En verre à décor d’émail et d’or, notre vase date de la fin des années 1870 et porte la signature de Lobmeyr. J. & L. Lobmeyr était une cristallerie autrichienne d’importance internationale, fondée en 1823 et représentée durant les Expositions Universelles. Célèbre pour ses lustres en cristal et ses objets décoratifs, elle fournissait la cour impériale viennoise, ainsi que la couronne de Belgique et celle des Flandres. Les motifs qui décorent notre vase sont librement inspirés du répertoire ornemental du Proche-Orient. Conformément à la tradition orientale, ces motifs sont non figuratifs. Ils magnifient le jeu des entrelacs, des arabesques et des couleurs. Un modèle semblable fut présenté dans le stand de Lobmeyr à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1878. Une pièce similaire est conservée au musée des Arts Décoratifs à Paris. — J & L Lobmeyr, fin 1870

Vues imaginaires de Paris au XVIe siècle : Deux peintures sur porcelaine d’Alphonse Chaignon Signées et datées de 1882, ces deux peintures sur porcelaine de forme circulaire sont l’œuvre du peintre Alphonse Chaignon. Formé par Jean-Hilaire Belloc, puis élève d’Eugène Viollet-le-Duc, Chaignon est connu pour ses vues urbaines idéalisant le passé, en particulier le Paris médiéval et renaissant. Dans l’œuvre que nous présentons à gauche, le clocher gothique flamboyant de la Tour Saint-Jacques (achevé en 1523) est identifiable. On aperçoit également l’enseigne d’une taverne, « Au Lion d’Or », signalant une cuisine raffinée. Si les costumes évoquent clairement la Renaissance, la ville est encore plongée dans une ambiance médiévale. Les maisons à colombages, les ornements gothiques, les activités séculaires des femmes traduisent la passion archéologique de Chaignon. Certains détails, comme la femme portant une cruche, témoigne de l’influence de la peinture italienne sur Chaignon. Le passé médiéval et renaissant passionne de nombreux écrivains (Victor Hugo), architectes (Viollet-Le-Duc) et artistes (Jules Adeline, Alphonse Chaignon, Albert Robida) du XIXe siècle. L’Exposition universelle de 1900 célébra d’ailleurs cet imaginaire en proposant une reconstitution de Paris au Moyen- ge. — Alphonse Chaignon, 1882

Le vase au Ara royal peint par Albert-Léon Lebarque et sa sellette d’origine. Exemplaire de la fascination du XIXe siècle pour l’Asie, le décor de ce vase spectaculaire est l’œuvre d’Albert-Léon Lebarque. Peintre et sculpteur, Lebarque est connu pour avoir dessiné les médailles de la Compagnie du Chemin de Fer du Nord. Lebarque travailla également en tant que peintre sur faïence pour des céramistes de renom, exposant notamment dans les expositions universelles. Notre vase est présenté sur sa sellette d’origine. En bois, elle se caractérise par son style japonisant, ses formes complexes et sa grande élégance. Le vase est orné d’un décor très riche en motifs et couleurs, peint sur une céramique émaillée et signé par l’artiste. Il associe des lilium épanouis, des papillons et un magistral Ara à la robe bleue et or. Il s’agit d’un perroquet royal, un animal symbole de liberté, de pouvoir et de longévité dans la culture asiatique. La panse joufflue de notre vase présente également deux têtes de grotesque, placées symétriquement. Leur présence souligne le caractère merveilleux de ce décor. — Albert-Léon Lebarque, 19ème siècle

Les Pivoines de Julien-Nicolas Rivart : Un décor de marqueterie de porcelaine pour une table de style Louis XV. Notre table de style Louis XV est ornée d’un décor de marqueterie de porcelaine représentant des pivoines. Admirées par l’Impératrice Eugénie, félicitées par Napoléon III, les créations de Rivart sont d’une très grande délicatesse et d’une élégance parfaite. Julien-Nicolas Rivart est célèbre pour avoir breveté cette technique de marqueterie précieuse en 1849. Ce procédé, d’un grand raffinement, est remarqué aux Expositions Universelles de 1851, 1855 et 1867 auxquelles Rivart participe. Les thèmes floraux ont la prédilection de Rivart. Ici, l’ébéniste joue avec le motif de la pivoine, fleur épanouie dont la couleur se marie avec la chaleur du bois de rose. La peinture des fleurs incrustées n'est pas signée, mais nous pouvons les attribuer à Pierre-Joseph Guérou, peintre de la Manufacture de Sèvres qui collabora régulièrement avec Rivart. Un décor floral comparable a été acquis par le comte de Manneville en 1861 et conservée à la Cité de la Céramique de Sèvres. Notre table présente deux tiroirs, ainsi que des éléments d’ornementation dorés dans l’esprit du temps de louis XV. — Julien-Nicolas Rivart, 1861

Une pièce rare d’Emile Gallé : Lune et fantaisie paysagère d’après Joseph Vernet Sa forme est originale. En relief, le rebord du plat circulaire reprend le motif du croissant de lune, symbolisé par un visage. Cette iconographie a des racines anciennes, les récits mythologiques associant volontiers la lune à un personnage masculin. Il s’agit d’une paréidolie (illusion d’optique), soit la propension à voir une forme identifiable dans un élément naturel (dans les nuages, sur la surface éclairée de la lune, dans un rocher...). Cette pièce rare d’Emile Gallé, portant sa signature, est une création des années 1863-1877. L’intérieur du plat est orné d’une scène paysagère inspirée d’un tableau de Joseph Vernet, Le Rocher percé, diffusé par la gravure. Une feuille d’étude de la main de Gallé représentant une même pièce de forme lunaire avec un décor différent se trouve au musée d’Orsay, à Paris. La création de ce modèle de cadre lunaire revient à Gengoult Prouvé, qui travailla au service du père d’Emile Gallé, à la tête de l’entreprise familiale de verrerie que développe son fils dans les années 1870. Ce modèle servit également à la création de cendriers en verre soufflé, moulé et gravé à la roue, dits Clair de lune. Le musée national des Arts et Métiers conserve une œuvre identique, représentant Pierrot et Colombine, connue sous le titre La Lune rousse. — Emile Gallé, 1863-1877

Le lys tigré : Une céramique émaillée par Théodore Deck et Anthony-Ludovic Regnier Notre plat à décor floral, signé par le peintre Anthony-Ludovic Regnier et présentant le monogramme de Théodore Deck, date de 1881. Il porte le numérotage « 160 » ainsi que le titre de « Lys Tigré ». La flore et la faune s’unissent sous le pinceau d’Anthony-Ludovic Regnier, spécialisé dans l’illustration botanique. Ce décor naturaliste représente une fleur monumentale et son feuillage complexe, ainsi qu’un papillon et un petit insecte. L’inspiration de ce décor vient d’Extrême-Orient, le lys tigré étant une fleur essentiellement cultivée en Asie. A l’image de l’ensemble des œuvres de Deck, les couleurs sont ici saisissantes, tout comme la qualité de l’émail. Le bleu qui domine est caractéristique du style de Deck. Ce plat est révélateur du goût de Théodore Deck pour la collaboration avec les peintres auxquels il fit souvent appel. Le Musée des Arts décoratifs à Paris conserve un plat comparable à la pièce que nous présentons. Les œuvres de Deck sont également à découvrir au musée éponyme de Guebwiller. — Théodore Deck et Anthony-Ludovic Regnier, 1881

Portrait de Hans Holbein Un tableau en marqueterie de bois attribué à la maison Fourdinois Original, ce tableau en marqueterie de bois en relief représente un portrait de Hans Holbein, peintre et graveur de la Renaissance allemande. Il est agrémenté d’un cadre en bois noirci aux formes pures et architecturées typiques du style néo-Renaissance. Le cadre mentionne l’identité de l’artiste portraituré de profil, comme le veut la tradition de la médaille durant la Renaissance. Cette œuvre est attribuée à la maison Fourdinois, dirigée par Alexandre et Henri Fourdinois, célèbre dans le domaine des arts décoratifs du XIXe siècle. Le nom de cette maison d’ébénisterie, maintes fois récompensée dans les expositions universelles, est associé au luxe triomphant sous le Second Empire. Ce portrait néo-Renaissance s’inscrit dans le culte des figures du passé, du Moyen Age comme de la Renaissance, qui caractérise l’historicisme du XIXe siècle. Il n’est pas anodin qu’ils rendirent hommage à Holbein, peintre qui fascina également les écrivains Jules Verne et Honoré de Balzac. Les Fourdinois cultivaient une véritable passion pour la Renaissance. La marqueterie en plein fait appel à l’invention d’Henri Fourdinois, brevetée en 1864. Cette technique repose sur l’incrustation de bois dans toute son épaisseur, offrant une surface que le sculpteur peut travailler en creux comme en relief. — la maison Fourdinois, 1864

Des campanules de porcelaine : Un porte-document au décor par Julien-Nicolas Rivart Ce très bel objet est une pièce rare. Il s’agit d’un porte-document orné d’un décor en marqueterie de porcelaine de Julien-Nicolas Rivart, ébéniste célèbre du Second Empire. Selon ses derniers propriétaires, ce porte-document aurait été offert par l'Impératrice Eugénie au Régisseur du Palais de Fontainebleau, M. Boyer. Le Palais de Fontainebleau était le lieu de résidence du couple impérial, formé par Napoléon III et Eugénie, pendant l’été. L’Impératrice était une grande admiratrice des talents de Rivart, connu pour ses marqueteries de porcelaine fine sur des pièces de mobilier, et plus rarement de tissu ou de cuir. Rivart a renouvelé l’art de la marqueterie, déposant un brevet en 1849. Son innovation consiste à incruster des compositions en porcelaine sur différents supports, tels que le carton, le cuir ou le velours, le marbre ainsi que le bois. Le décor en porcelaine représente un fleurissement de campanules. De couleur violette, elles sont associées à l’amour spirituel. De couleur blanche, au bonheur. Tapissé de velours rouge, notre porte document comporte deux compartiments doublés de tissu moiré et une chemise assortie. L’objet se distingue par sa noblesse et son élégance. Très peu de ses réalisations nous sont parvenues en dehors du mobilier. La galerie présente un porte-document similaire en velours mauve et marqueterie de porcelaine par Rivart. — Julien-Nicolas Rivart, 1849 - 1867

L’Horloge néo-renaissance : un chef d’œuvre de Jules Brateau Réalisée en 1900, notre horloge est une pièce majeure du sculpteur et orfèvre Jules Brateau. Cet artisan de renom fut plusieurs fois médaillé aux expositions universelles. Montée sur un pied central, l’horloge présente quatre faces finement ornées et ciselées. Le décor, en faible relief, est un hommage aux artistes de la Renaissance italienne et française. Les feuillages, quant à eux, sont dans l’esprit de la mode Art nouveau. Sous le cadran couleur cuivre, représentant un soleil argenté, un adolescent ailé repose près d’un feu. L’iconographie est riche de symboles. Sur l’une des faces de l’horloge, une femme ailée, tenant une corne d’abondance, chevauche la roue du temps ou du destin. Sur la face arrière de l’horloge, Adam et Eve sont représentés. Le couple originel fait écho au serpent ornant le pied central, fait d’une branche de tournesol reposant sur un œillet épanoui. Émergeant d’un riche décor végétal, une inscription latine signifie « Que les heures heureuses soient comptées toutes entières ». Quatre exemplaires de cette horloge sont connus à ce jour, leurs décors comportent quelques variantes. L’un d’eux est conservé dans une collection particulière. Son cadran émaillé de bleu, couleur du ciel, est orné d’un soleil doré. Célébrée dans la presse, notre horloge fut reproduite dans la revue Art et Décoration en juillet 1900. — Jules Brateau, 1900

Modèle en grès présenté au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1898, sous le numéro 4060, avec trois autres vases. Faïence émaillée Ce vase présente une forme élancée que viennent contrecarrer les quatre anses. La panse est entièrement ornée d'éléments floraux ou purement décoratifs alors que les personnages sont relégués au niveau du col. Une frise de putti faisant la chasse aux papillons se développe tout le long du col, dans une ronde effrénée. Ce vase présente un décor qui associe différentes techniques. La panse du vase est ornée d'un décor floral qui mêle éléments en relief et éléments incisés. La frise d'enfants est réalisée en pâte sur pâte. Ce procédé, mis au point à la Manufacture de Sèvres vers 1848 était habituellement utilisé par des sculpteurs, ce que Louis Carrier-Belleuse était. Il consiste à appliquer des motifs généralement blancs sur un fond coloré. Ce vase original mêle deux inspirations : la frise de putti semble issue du Second Empire alors que la panse du vase présente des éléments végétaux annonciateurs de l'Art Nouveau. Au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1898, ce vase apparaît pour la première fois en grès, accompagné de trois autres vases : Hercule et Omphale, Sauve qui peut ! et Musique. Ces quatre vases sont présentés sous le même numéro (n° 4060) et dans la même vitrine. Trois des quatre vases, dont Enfants et papillons, ont été reproduits, en 1900, dans la revue La Décoration ancienne et moderne. Enfants et papillons a été acquis en 2003 par Musée du Petit Palais, à Paris, et il est un des rares exemples de vase de ce créateur conservé dans une collection publique française. La même année, il présente un cinquième vase, sous le numéro 4059, intitulé L’agriculture. Le vase que nous vous présentons, réalisé en faïence, n'est pas celui qui a été présenté au Salon de 1898. Cependant, sa réédition, par la faïencerie de Choisy-Le-Roi prouve la popularité de ce modèle et de son créateur. Fils du sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) dont il fut l’élève, Louis Carrier-Belleuse, suivit les leçons de Gustave Boulanger et d’Alexandre Cabanel à l’école des Beaux-Arts. Il débuta comme peintre au Salon de 1870 et exposa des sculptures à partir de 1889. Il s’intéressa très tôt aux arts industriels : pendant quelques années, il travailla auprès de son père à la Manufacture de Sèvres, qui en était le directeur artistique depuis 1875. En 1877, il acquit auprès de Théodore Deck une première expérience du travail de la céramique et participa au concours de Sèvres en 1882 en envoyant un Projet de jardinière. Par la suite, il devint directeur des travaux d’art de la faïencerie de Choisy-le-Roi, à laquelle il fournit de nombreux modèles. Il obtint une médaille en 1896, dans la section d’art appliqué, année où il présente les deux vases en plâtre. Il exposa pour la dernière fois en 1912. En tant que directeur artistique de la faïencerie de Choisy-le-Roi, il conçut de nombreux modèles, dont ce vase fait partie. Fondée en 1805 par MM. Valentin, Melchior et Nicolas Paillart dans l’ancien petit château de Choisy-le-Roi, la manufacture devient la propriété de Valentin Paillart et d’Hippolyte Hautin en 1824. En 1836, avec le départ de Valentin Paillart, la faïencerie devient la propriété d’Hippolyte Hautin et de Louis Boulenger. À partir de cette date, la faïencerie de Choisy-le-Roi sera une affaire de famille. En 1863, Hippolyte Boulenger succède à son oncle Louis à la tête de l’entreprise. Il en restera le seul propriétaire jusqu’en 1878. C’est sous sa direction que la manufacture connaît une extension considérable. Cette même année, il décide de transformer la manufacture en une société en commandite par actions : la « Société Hte Boulenger et Cie » est née. Hippolyte Boulenger en sera le seul gérant jusqu’à sa mort, en 1892. À cette date, c’est son fils, Paul, qui reprend l’affaire. C’est avec lui que travaillera Louis Carrier-Belleuse. — Louis-Robert Carrier-Belleuse, 1898

Le vase d’Emile Gallé : Ode à la nature de l’Egypte pharaonique Ce vase signé par Emile Gallé, entre 1879 et 1890, est un chef d’œuvre des arts décoratifs de la Belle Epoque. La pièce d’exception fut façonnée à Nancy, terre d’Emile Gallé. Cet artiste est l’un des plus grands maîtres-verriers et céramiste de l’Art Nouveau. L’iconographie et le décor sont une Ode à l’Egypte ancienne, source d’inspiration d’Emile Gallé, fasciné par cette culture. Notre pièce s’inspire des techniques traditionnelles de la céramique japonaise, en reprenant le principe des fausses coulures. Les couleurs complémentaires, marron et bleu, créent une harmonie chromatique. Admirons l’originalité du décor représentant des papyrus. Un petit scarabée s’ébat en vol, unissant thème animal et végétal. Une pièce comparable, présentant un autre décor à thème japonisant, est passée en vente chez Tajan, à Paris, le 26 février 2013. Une autre est conservée au musée de l’Ecole de Nancy. — Emile Gallé, 1879 - 1890

Le japonisme en majesté : Un rare plat à décor de carpes Koï de la Manufacture Vieillard & Cie Rare exemple du goût précoce pour le japonisme dans les arts décoratifs du XIXe siècle, ce plat est signé par la célèbre manufacture bordelaise Vieillard & Cie. Datée des années 1870, notre pièce se caractérise par sa grande élégance et ses couleurs vives. La forme arrondie des poissons s’inspire probablement du décor d’une tsuba, soit la garde d’un sabre japonais. La carpe Koï est souvent associée au sabre japonais, dont l’entrée du fourreau est appelée « bouche de carpe ». Le sabre représente la puissance, la carpe koï illustre le courage et la persévérance. Un conte chinois ancien rapporte en effet que les plus courageuses carpes Koï, parvenant à remonter le fleuve Jaune, se métamorphosaient en dragons. Remarquons ce vert acide, peu fréquent dans les créations des faïences bordelaises. L’usage de couleurs si vibrantes pourrait révéler l’influence de Christopher Dresser, fameux créateur anglais de l’époque victorienne. A ce jour, un seul autre plat comparable est connu. Conservé en collection particulière, il présente toutefois des coloris différents. Les œuvres de la manufacture Vieillard & Cie sont conservées dans des prestigieuses institutions nationales comme le musée d’Orsay et le musée des Arts Décoratifs à Paris. Il s’agit toujours de pièces exceptionnelles, d’une qualité inégalée — Manufacture Vieillard & Cie, 1870

La nature faite vase : Attribué à Émile Gallé pour la manufacture de Lunéville Daté entre 1863 et 1880, ce vase est attribué au grand céramiste et maître-verrier nancéien Emile Gallé. Il fut très certainement édité par Keller et Guérin, propriétaires de la manufacture de Lunéville, avant que Gallé ne dépose ses propres modèles. D’une forme très recherchée, notre vase présente une panse quadrilobée ornée de branches, de feuilles et de papillons dans des couleurs or et argent sur un fond bleu de Prusse. Le vase repose sur une base imitant des branchages, très naturalistes, évoquant les études de feuillages et de fleurs de Gallé conservées au musée d’Orsay. L’institution parisienne possède d’ailleurs un dessin préparatoire de Gallé pour une pièce proche de notre vase. — Attribué à Emilie Gallé, 1863 - 1880

Cette paire de vases au décor d’échassiers fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. À la fin du XIXe siècle, elle créa cette paire de vases en verre opalin, verre laiteux et translucide, au décor vert et doré. Ces deux vases adoptant une forme de balustre sont d’une grande qualité d’exécution. Japonisant, leur décor présente deux couples d’échassiers, dont les positions variées donnent vie au paysage aquatique qui les entoure. À la base de chaque vase, pour représenter la terre, le décor est rehaussé de vert, tandis que tous les détails sont réalisés à l’or. Le dégradé de ces teintes met en valeur la blancheur et la translucidité du verre. L’influence des estampes japonaises est perceptible dans le thème, ainsi que dans la manière de construire l’espace et de représenter le paysage et les animaux. La galerie Marc Maison possède une autre paire de vases dont les décors émaillés d’or représentent un paysage japonisant à la faune et à la flore extrême-orientales.

Baccarat, vers 1880

Ce salon fut conçu par l’architecte belge Victor Horta (1861-1947) en 1903, pour l’hôtel sis Voorstraat, 22, à Courtrai (Kortrijk). Celui-ci était alors occupé par la famille Devettere-Bonnet, dont l’entreprise produisait du tabac à priser et des cigares. Le salon fait partie d’un ensemble de trois pièces : s’y ajoutaient une salle à manger et un fumoir ou une bibliothèque, pour une surface totale d’environ 80 m². Victor Horta est le père de l’Art Nouveau, style dans lequel s’inscrit la décoration de cette pièce. Le salon est composé d’une boiserie en acajou d’Afrique et en placage de citronnier de Ceylan, dans laquelle se trouve une tenture dessinée par l’architecte, la même que dans le salon de l’hôtel Max Hallet, mais dans une autre couleur. Les extrémités des boiseries, dont l’inspiration est éminemment végétale, sont de beaux exemples de ce style alors en pleine vogue. Horta conçut également les meubles de la pièce, notamment les cache-radiateurs, la cheminée et le modèle en plâtre de l’horloge. Leurs sommets, proches, sont révélateurs de l’harmonie que Horta obtient par son goût du détail. La cheminée, en bronze et en marbre rouge de Belgique, présente de belles courbes en « coup de fouet ». L’architecte dessina également la verrière, en verre américain. La lumière naturelle qu’elle apporte est complétée par celle, électrique, des appliques en forme de fleurs. Elle fait écho à celle du jardin d’hiver de l’hôtel Van Eetvelde, l’une des plus belles réalisations de Horta en la matière. La rampe présentée au milieu du salon provient de l’escalier qui desservait le premier étage de l’immeuble de la Voorstraat. Son sommet est un très bel exemple de la mise en œuvre de la ligne « coup de fouet » chez Horta. Ses balustres couplées sont un exemple particulièrement révélateur de l’influence du japonisme sur l’œuvre de l’architecte. Enfin, la cloison amovible qui séparait le salon de la salle à manger présente deux essences de bois différentes : l’acajou, du côté du salon, et le chêne, du côté de la salle à manger, puisque les meubles de cette dernière étaient en chêne. Son sommet en verre américain rose fait écho à la verrière. La cloison fait écho, dans ses formes asymétriques, à celles du paravent du boudoir de Mme Horta, présenté au musée Horta, à Bruxelles.

Victor Horta, 1903

Vase carré bosselé en céramique émaillée

Pierre-Adrien Dalpayrat, 1900

Ce cabinet néo-Renaissance en noyer massif sculpté fut exécuté vers 1870. Ce sont ses quatre plaques émaillées, de taille importante et d’une grande qualité d’exécution, qui en font un meuble exceptionnel. Le XIXe siècle est friand de la reprise et de la réinterprétation de l’art du passé, comme ici des œuvres de la Renaissance. La partie inférieure du meuble, ouverte sur trois côtés, est surmontée d’une ceinture accueillant une plaque émaillée sur cuivre, ornée de rinceaux et d’un masque rappelant la mode renaissante des grotesques. Sa partie supérieure s’organise autour de deux portes ornées de plaques émaillées de forme travaillée représentant Mars, le dieu de la guerre, et Diane, la déesse de la chasse. La peinture sur émail et la grisaille apparurent à la Renaissance. L’émailleur s’est d’ailleurs inspiré de plaques émaillées de la Renaissance représentant Mars et la Justice peintes par Pierre Courteys en 1559, aujourd’hui au musée national de la Renaissance.

Cabinet néo-Renaissance, vers 1870

Ce bureau de pente à abattant japonisant est signé par Gabriel Viardot et daté de 1886.

Gabriel VIARDOT, signé et daté 1886

Baccarat, paire de vases au paon, au coq et à l’échassier, v. 1880 Cette paire de vases au décor japonisant de paon, coq et échassier fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ces vases de forme balustre en verre opalin portent un décor émaillé doré partiellement en relief, et nuancé de vert et de noir. Leur décor est identique : un paon aux ailes déployées se tient sur un arbre, tandis que sur le sol, le coq et l’échassier semblent près de s’affronter. Le paysage est exécuté à la manière des estampes japonaises. Le col et la base des vases sont ornés de motifs orientalisants. La blancheur et la translucidité du verre opalin, ainsi que la finesse du décor sont révélatrices de la qualité exceptionnelle de cette production. La galerie Marc Maison possède une autre paire de vases dont les décors émaillés d’or représentent un paysage japonisant à la faune et à la flore extrême-orientales.

Baccarat, vers 1880

Joseph Simon Volmar (Berne, 1796-1865), Paire d'Ours en fonte de fer

Joseph Simon Volmar (Berne, 1796-1865), Paire d'Ours en fonte de fer

Émile Gallé, 1884

Le vol du Colvert : le plat en faïence de Théodore Deck Portant la signature du céramiste Théodore Deck, ce plat est un hommage à la faune sauvage des marais. Son décor met en scène un canard Colvert aux ailes déployées, entre ciel et eau. Remarquons la finesse des détails et le grand naturalisme de Deck. Le fond décoratif est finement exécuté. Les nuances de bleu varient en fonction de l’épaisseur de l’émail. Fasciné par le japonisme, Deck fait ici appel à un animal représenté par Hiroshige dans certaines estampes. La galerie Marc Maison présente un plat au décor similaire, représentant un canard s’élevant dans un ciel nuageux, où pointe un soleil d’or. Les œuvres de Théodore Deck sont présentes dans les plus grandes institutions, telles que le musée d’Orsay, le musée des arts décoratifs à Paris et le Metropolitan Museum de New York.

Théodore Deck, 1860-1891

Cristallerie Baccarat, encrier « La Vague » 1909 La cristallerie conçut cet encrier en cristal moulé et repris orné d’éléments en bronze doré, témoignage de l’alliance entre le travail du verre et celui des bronziers spécialisés dans l’art décoratif. Le cristal prend la forme d’une vague creusée, au sommet de laquelle repose une sirène en bronze doré ; sa chevelure ondulante souligne la nudité de son corps, à la pose alanguie et sensuelle. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence et de sa créativité aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Les deux réservoirs d’encre s’inscrivent pleinement dans le thème maritime : ils adoptent la forme d’un coquillage et d’un panier de pêche, entourés d’algues au mouvement tourbillonnant. Ce chef-d’œuvre de l’Art Nouveau fut exposé lors de l’Exposition internationale de l’Est de la France, à Nancy, en 1909. Il témoigne de l’influence des arts japonais sur les artistes occidentaux, notamment de La Grande vague de Kanagawa de Hokusai. L’encrier « La Source », créé par Paul Aubé en 1898, servit de source d’inspiration pour « La Vague », onze ans plus tard. Cette dernière est davantage significative de l’influence des arts extrême-orientaux. L’encrier « La Vague » s’inscrit également dans la lignée de la création de la sublime nef en cristal que Baccarat présenta à l’Exposition Universelle de 1889, aujourd’hui conservée au Petit Palais, à Paris.

Baccarat, 1900

Paire de vases carrés aux cerisiers en fleur et aux oiseaux, vers 1880 La grande transparence du cristal permet de mettre en valeur le fin décor émaillé d’or exécuté sur la surface des vases. Leur forme carrée est caractéristique de la production de la manufacture à cette époque. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Sur les vases, deux cerisiers en fleur se répondent selon une symétrie axiale. L’un est recouvert de feuilles, tandis que l’autre est seulement fleuri. Les détails du décor, très fins, sont exécutés en relief. L’influence du japonisme est perceptible dans le choix de l’iconographie et dans l’exécution du décor. La cristallerie Baccarat, novatrice dans son adhésion précoce au japonisme, créa un flacon sur pied entre 1880-1890 en cristal soufflé, conservé au musée d’Orsay. Ses décors émaillés et cernés d’or sur le cristal transparent sont issus d’un travail identique à celui de ce vase.

Baccarat, vers 1880

La libellule et le martin-pêcheur : un plat signé Théodore Deck Notre plat en faïence émaillée présente un riche décor, digne de l’illustration d’un conte, signé par Théodore Deck. Il porte le cachet du céramiste et date des années 1890. Ce décor réunit un martin-pêcheur et une libellule dans un cadre floral et aquatique, nourri de fleurs de nénuphars. L’ensemble est naturaliste et poétique. Il renvoie à l’imaginaire des arts d’Extrême-Orient, en particulier du Japon. Le nénuphar est une fleur que l’on retrouve notamment dans les estampes japonaises. La libellule est également un symbole très utilisé au Japon, l’île principale de l’archipel étant parfois associée à ce ravissant insecte en raison de sa forme. Le martin-pêcheur, appelé Shinkansen en raison de son bec effilé, est aussi un oiseau fréquemment convié dans la culture visuelle japonaise.

Théodore Deck, 1890

La table aux masques fantastiques d’Edouard Lièvre. Un meuble japonisant exceptionnel. Conçue vers 1878, cette table de milieu est un chef-d’œuvre d’Edouard Lièvre, précurseur du Japonisme en France. Destinée à être la pièce maîtresse d’un salon, elle servait à exposer des objets précieux. Les matériaux, comme la finition, sont luxueux. La couleur sombre du palissandre, bois exotique rare, est rehaussée par des ornements à patine vieil or. Dans sa partie ajourée, la ceinture de notre table comporte un symbole évoquant l’idéogramme shou, synonyme de longévité. Ornemaniste et ébéniste de renom, Edouard Lièvre était fasciné par les arts d’Extrême-Orient. Les masques fantastiques se réfèrent aux têtes de lion ou de dragon qui ornent le haut des pieds. Ces créatures orientales se meuvent en une chute de rinceaux végétaux recouvrant les quatre pieds en cabriole. Des cartouches patinés vieil or et ajourés, ainsi qu’un brûle-parfum à motif de rinceaux végétaux, sont insérés dans la barre centrale de l’entretoise. Le musée d’Orsay conserve un exemplaire identique à notre table. Seules la nature et la couleur du marbre formant son plateau sont différentes. A notre connaissance, Edouard Lièvre a créé huit tables de ce type, présentant toutes un plateau de marbre unique. Celui de la galerie Marc Maison est en marbre brocatelle d’Espagne. Le modèle de cette table entièrement en bois et sans ornement en bronze peut être considéré comme le prototype du modèle des huit tables. L’un des huit exemplaires de la Table aux masques fantastiques, encore non localisé, est mentionné dans le catalogue de la succession d’Edouard Lièvre en 1887. Edouard Lièvre est également célèbre pour avoir conçu le spectaculaire lit de parade à baldaquin de la courtisane Valtesse de La Bigne (1877), conservé aux Arts Décoratifs.

Edouard LIEVRE, 1878

La pendule aux éléphants. Un modèle orientalisant de Matifat présenté au Crystal Palace en 1851. Emblématique des créations de Charles Stanislas Matifat, cette spectaculaire pendule témoigne d’une inspiration orientalisante. Evoquant une architecture royale des Mille et une nuits, mêlant or et couleurs, elle se caractérise par ses deux éléphants ornant la base. Le modèle de cette pendule riche et précieuse fut présenté lors de la première exposition universelle, organisée à Londres en 1851. Il fut exposé sur le stand de Matifat au sein du prestigieux Crystal Palace. A cette occasion, Matifat fut récompensé par une médaille de 2e Classe. Charles Stanislas Matifat était loin d’être inconnu. Fondateur d’une fabrique et d’un magasin de bronzes décoratifs en 1820, il jouit d’une belle notoriété. Ses talents sont loués dans la presse, ainsi que par la commission française de l'Exposition de 1851. « M. Matifat s'est appliqué à chercher des formes nouvelles, variées et élégantes. Ce fabricant intelligent et d'un goût délicat apporte autant de soin dans l’exécution que dans le choix des modèles ». A ce moment, Matifat invente un procédé d’émail vitreux sur bronze, qui lui permettra de créer des décors d’une grande finesse. Charles Stanislas Matifat présenta ses créations à l’occasion d’autre expositions internationales ou universelles, toujours élégantes, gracieuses et d’une grande délicatesse d’exécution.

Charles Stanislas Matifat, 1851

Pendule double face persane de Charles Stanislas Matifat Réalisée pour le marché européen et ottoman-perse, notre pendule porte la signature de Charles Stanislas Matifat et la date de 1851. Matifat est considéré comme l’un des plus notables fondeurs d’art parisien du milieu du XIXe siècle. Ses pendules, vases, lustres, fontaines et objets décoratifs étaient réputées pour leur précision, leur raffinement et leurs finitions soignées. Le modèle de notre pendule fut présenté dans la section française de l'Exposition Universelle de Londres de 1851. Le stand de Matifat se trouvait au cœur du célèbre Crystal Palace et suscita une grande admiration de la presse et du jury de l’Exposition. Richement ornementée, évoquant les arts décoratifs persans, cette création présente les qualités d’une pièce d’orfèvrerie. Elle offre deux cadrans en émail blanc. Cette particularité permet d’afficher à la fois l’heure européenne (celle de Paris ou de Londres) et l’heure en chiffres turcs. A ce moment, Matifat invente un procédé d’émail vitreux sur bronze, qui lui permettra de créer des décors d’une grande finesse. Matifat est connu pour ses pièces d’art décoratif, appréciées par Charles Garnier, mais il fondit aussi des sculptures monumentales signées Carpeaux ou Frémiet.

Charles Stanislas Matifat, milieu du XIXe siècle

Un grand cabinet de style Néo-Renaissance Le décor d’émaux peints par Théophile Soyer De style néo-renaissance, ce luxueux cabinet de présentation en noyer ciré a été façonné entre 1875 et 1880. Monumental, il est composé de deux corps et de deux portes vitrées. Riches de sculptures et d’ornements, notre cabinet fait référence au mobilier d’apparat de style Henri II. Son remarquable décor de plaques en émail peint est signé par Théophile Soyer, l’un des plus grands émailleurs de la seconde moitié du XIXe siècle. Formé en tant que peintre à l’Ecole des Beaux-arts et spécialisé dans les créations d’inspiration historique, Soyer était un grand érudit. En noir et blanc, ces émaux furent réalisés dans les premiers temps de la carrière de Soyer. Plus tard, l’artiste sera médaillé aux expositions universelles de 1889 et 1900. Deux plaques ovales bombées en émail représentent d’un côté Apollon terrassant le serpent python, de l’autre Diane chasseresse. Quatre panneaux ornés de plaques rectangulaires en émail représentent les saisons incarnées par des putti. Les pièces de marbre en noir marquina carrées et rectangulaires viennent joliment compléter le décor d’émail. Des éléments de couleur or, tels que les carquois du Dieu et de la Déesse, rehaussent l’ensemble.

Théophile Soyer, 1875 - 1880

"Élégance et virtuosité : Le Vase des Acrobates, une collaboration d'exception entre Ernest Chaplet et Ringel d’Illzach" Son apparence métallique est le fruit d'une technique de terre cuite extraordinaire. Le décor tournant en ronde bosse est précis et finement exécuté. Des personnages en mouvement, adoptant des poses acrobatiques singulières évoluent dans un décor délicatement gravé d'or et d'émail. Des papillons virevoltants ajoutent une touche de poésie. La marque en forme de chapelet, en or et émail, orne le sommet du col. Le vase porte la signature d’Ernest Chaplet et celui de la faïencerie Haviland. Cette oeuvre témoigne du talent exceptionnel d'Ernest Chaplet. Cette pièce s'inscrit dans la période de l'Atelier Haviland dirigé par Ernest Chaplet . Deux autres exemplaires, légèrement différents, sont connus. L'un est exposé au Musée d'Orsay et l'autre au Musée Bertrand à Châteauroux.

Ernest Chaplet et Ringel d’Illzach, 1895

Un porte-document au précieux décor de porcelaine par Julien-Nicolas Rivart Pièce extrêmement rare, notre porte-document en cuir présente un décor en marqueterie de porcelaine d’une grande finesse. Il s’agit d’un travail très original, les porcelaines de Rivart étant habituellement incrustées sur des pièces de mobilier en bois. Ses décors forment de véritables tableaux de fleurs. L’objet se métamorphose en bijou. Recouvert de cuir, ce porte document comporte deux compartiments doublés de tissus moirés. La porcelaine apporte délicatesse et brillance au cuir mat. Rivart, grand nom des arts décoratifs sous le Second Empire, avait renouvelé l’art de la marqueterie en remplaçant le traditionnel placage en bois par une fine marqueterie en porcelaine. Dans les années 1850, Rivart est salué dans la presse pour son brevet et sa maîtrise technique. Son brevet prévoyait l’incrustation de porcelaine sur différents supports, tels que le bois, le carton, le cuir ou le velours et même le marbre mais très peu de ses réalisations nous sont parvenues en dehors du mobilier.

Julien-Nicolas Rivart, 1849 - 1867

Paysage méditerranéen : un rare plat irisé de Delphin Massier Réalisé vers 1900, ce magnifique plat en céramique à lustre métallique est signé par Delphin Massier. Basé sur la Côte d’Azur, les frères Massier sont à la tête d’une poterie artistique célèbre. A la fin du XIXe siècle, leurs créations d’une grande distinction ornent les salons des riches hôtels particuliers de la Riviera. Les Massier travaillent également pour les têtes couronnées de toute l’Europe. Les Massier sont considérés comme les pères de la poterie décorative de Vallauris, promise à devenir très célèbre au XXe siècle. Plat large et spectaculaire, il rend hommage au paysage des bords méditerranéens, plein d’iridescences grâce à l’emploi de la technique du lustre métallique. Le cadrage du paysage, la quiétude de la vue associés aux couleurs renvoient à l’inspiration japonisante. Réalisé dans une technique similaire, un plat signé par Clément Massier, frère de Delphin, figure dans les collections du musée d’Orsay, à Paris.

Delphin Massier, 1900

Les vases persans de la Manufacture de Sèvres : un modèle historique Notre paire de vases compte parmi les belles pièces du décor bourgeois de la Belle Epoque. Le modèle, dit « Bouteille persane », fut créé par la Manufacture de Sèvres en 1874, d’après un prototype (en métal) perse. La Manufacture de Sèvres édita d’autres exemplaires de ce modèle, comportant des variantes de teintes et d’ornements. Il fut choisi par Ernest Carrier-Belleuse, sculpteur de renom qui prit la direction artistique de la Manufacture entre 1874 et 1887. La particularité de la bouteille persane est de présenter un goulot très allongé, en porcelaine blanche généralement ornée de motifs ou d’aplats de couleur bleue. La paire de vases que nous présentons fut façonnée en 1887. Ils sont en porcelaine sous couverte bleu cobalt unie. Le décor, composé de fins liserés dorés, date de 1888. Le bleu est considéré comme la couleur fétiche de la céramique venue de Perse, culture qui intéresse de près les faïenciers de la seconde moitié du XIXe siècle. L’époque, fatiguée par les fantaisies néo-grecques et néo-étrusques, est en effet férue de références exotiques et orientales.

Manufacture de Sèvres, 1874

Trois muses parmi les fleurs : un triptyque rare de l’émailleur Dorval Objet rare et atypique, ce triptyque se compose de trois tableaux d’émail insérés dans un cadre de bois orné de fleurs en relief et garni de velours. Réalisé vers 1900, il est l’œuvre de l’émailleur Dorval, dont la signature figure sur le tableau central. Ces trois panneaux de cuivre émaillé rendent hommage à la beauté féminine associée à la poésie des fleurs. Telles des muses païennes, ces trois personnages sont d’inspiration symboliste chère à l’Art Nouveau. Dans un décor de bord de mer qui rappelle l’esthétique de Puvis de Chavannes, elles semblent se répondre dans cette ode à une nature idéale. Richement parées et vêtues, toutes trois sont coiffées de grandes fleurs de chrysanthème et portent d’opulents bouquets. Très décoratives, ces fleurs majestueuses sont associées à l’opulence, la féminité, à la noblesse. L’art des émaux peints sur cuivre, à l’honneur durant le Moyen ge et la Renaissance, fut redécouvert au XIXe siècle. Il s’apparente à l’art de l’orfèvrerie, tant la technique est délicate et subtile.

Dorval, 1800

Le Chasseur au faucon Un tableau d’émail signé Théophile Soyer Véritable petit tableau en émail peint sur cuivre, cette œuvre est signée et datée « T. Soyer 1885 ». Ce portrait en pied représente un chasseur fauconnier en costume de la fin de l’époque médiévale. Il s’inscrit dans la poursuite du « Style Troubadour » très à la mode durant l’époque romantique.

Théophile Soyer, 1885

Vues imaginaires de Paris au XVIe siècle : Deux peintures sur porcelaine d’Alphonse Chaignon Signées et datées de 1882, ces deux peintures sur porcelaine de forme circulaire sont l’œuvre du peintre Alphonse Chaignon. Formé par Jean-Hilaire Belloc, puis élève d’Eugène Viollet-le-Duc, Chaignon est connu pour ses vues urbaines idéalisant le passé, en particulier le Paris médiéval et renaissant. Dans l’œuvre que nous présentons à gauche, le clocher gothique flamboyant de la Tour Saint-Jacques (achevé en 1523) est identifiable. On aperçoit également l’enseigne d’une taverne, « Au Lion d’Or », signalant une cuisine raffinée. Si les costumes évoquent clairement la Renaissance, la ville est encore plongée dans une ambiance médiévale. Les maisons à colombages, les ornements gothiques, les activités séculaires des femmes traduisent la passion archéologique de Chaignon. Certains détails, comme la femme portant une cruche, témoigne de l’influence de la peinture italienne sur Chaignon. Le passé médiéval et renaissant passionne de nombreux écrivains (Victor Hugo), architectes (Viollet-Le-Duc) et artistes (Jules Adeline, Alphonse Chaignon, Albert Robida) du XIXe siècle. L’Exposition universelle de 1900 célébra d’ailleurs cet imaginaire en proposant une reconstitution de Paris au Moyen- ge.

Alphonse Chaignon, 1882

Une pièce rare d’Emile Gallé : Lune et fantaisie paysagère d’après Joseph Vernet Sa forme est originale. En relief, le rebord du plat circulaire reprend le motif du croissant de lune, symbolisé par un visage. Cette iconographie a des racines anciennes, les récits mythologiques associant volontiers la lune à un personnage masculin. Il s’agit d’une paréidolie (illusion d’optique), soit la propension à voir une forme identifiable dans un élément naturel (dans les nuages, sur la surface éclairée de la lune, dans un rocher...). Cette pièce rare d’Emile Gallé, portant sa signature, est une création des années 1863-1877. L’intérieur du plat est orné d’une scène paysagère inspirée d’un tableau de Joseph Vernet, Le Rocher percé, diffusé par la gravure. Une feuille d’étude de la main de Gallé représentant une même pièce de forme lunaire avec un décor différent se trouve au musée d’Orsay, à Paris. La création de ce modèle de cadre lunaire revient à Gengoult Prouvé, qui travailla au service du père d’Emile Gallé, à la tête de l’entreprise familiale de verrerie que développe son fils dans les années 1870. Ce modèle servit également à la création de cendriers en verre soufflé, moulé et gravé à la roue, dits Clair de lune. Le musée national des Arts et Métiers conserve une œuvre identique, représentant Pierrot et Colombine, connue sous le titre La Lune rousse.

Emile Gallé, 1863-1877

Des campanules de porcelaine : Un porte-document au décor par Julien-Nicolas Rivart Ce très bel objet est une pièce rare. Il s’agit d’un porte-document orné d’un décor en marqueterie de porcelaine de Julien-Nicolas Rivart, ébéniste célèbre du Second Empire. Selon ses derniers propriétaires, ce porte-document aurait été offert par l'Impératrice Eugénie au Régisseur du Palais de Fontainebleau, M. Boyer. Le Palais de Fontainebleau était le lieu de résidence du couple impérial, formé par Napoléon III et Eugénie, pendant l’été. L’Impératrice était une grande admiratrice des talents de Rivart, connu pour ses marqueteries de porcelaine fine sur des pièces de mobilier, et plus rarement de tissu ou de cuir. Rivart a renouvelé l’art de la marqueterie, déposant un brevet en 1849. Son innovation consiste à incruster des compositions en porcelaine sur différents supports, tels que le carton, le cuir ou le velours, le marbre ainsi que le bois. Le décor en porcelaine représente un fleurissement de campanules. De couleur violette, elles sont associées à l’amour spirituel. De couleur blanche, au bonheur. Tapissé de velours rouge, notre porte document comporte deux compartiments doublés de tissu moiré et une chemise assortie. L’objet se distingue par sa noblesse et son élégance. Très peu de ses réalisations nous sont parvenues en dehors du mobilier. La galerie présente un porte-document similaire en velours mauve et marqueterie de porcelaine par Rivart.

Julien-Nicolas Rivart, 1849 - 1867

Le vase d’Emile Gallé : Ode à la nature de l’Egypte pharaonique Ce vase signé par Emile Gallé, entre 1879 et 1890, est un chef d’œuvre des arts décoratifs de la Belle Epoque. La pièce d’exception fut façonnée à Nancy, terre d’Emile Gallé. Cet artiste est l’un des plus grands maîtres-verriers et céramiste de l’Art Nouveau. L’iconographie et le décor sont une Ode à l’Egypte ancienne, source d’inspiration d’Emile Gallé, fasciné par cette culture. Notre pièce s’inspire des techniques traditionnelles de la céramique japonaise, en reprenant le principe des fausses coulures. Les couleurs complémentaires, marron et bleu, créent une harmonie chromatique. Admirons l’originalité du décor représentant des papyrus. Un petit scarabée s’ébat en vol, unissant thème animal et végétal. Une pièce comparable, présentant un autre décor à thème japonisant, est passée en vente chez Tajan, à Paris, le 26 février 2013. Une autre est conservée au musée de l’Ecole de Nancy.

Emile Gallé, 1879 - 1890

La puissance du japonisme : la coupe aux carpes koï de la Maison Giroux Cette très belle pièce conçue par la Maison Giroux est une porcelaine de style « Imari » de 1880. Elle illustre le goût très important pour le japonisme dans la société du XIXe siècle. Notre coupe est garnie d’une monture en bronze doré, portant la signature d’Alphonse Giroux. Le décor de la monture, comme l’extérieur de la coupe, rend hommage à la figure symbolique du dragon. Les couleurs adoptées par Alphonse Giroux sont typiques du style imari : bleu de cobalt, rouge sombre et safran. L’espace est subtilement exploité par un décor naturaliste et animalier. Le fond de la coupe est occupé par deux grandes carpes koï entrelacées, symboles de force dans la culture japonaise. La carpe koï est mythique. Selon une légende ancienne, les plus braves parvenant à remonter le puissant fleuve jaune se métamorphoseraient en dragons aux écailles d’or. Ce bel objet de fabrication parisienne date du Second Empire, période de grande activité de la Maison Alphonse Giroux, célèbre magasin pour son ébénisterie de luxe, ses objets montés et sa tabletterie à Paris.

Alphonse Giroux, 1880

Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ce vase en forme de balustre présente un décor gravé à la roue et doré sur le cristal de couleur bleu acier. Japonisant, son décor présente deux couples d’échassiers, dont les positions variées donnent vie au paysage aquatique environnant. Sa monture en bronze doré reprend les motifs de branches de cerisier en fleur du décor de la panse. L’influence des estampes japonaises est perceptible dans le thème, ainsi que dans la manière de construire l’espace et de représenter le paysage et les animaux. Le décor de ce vase fut repris à plusieurs reprises pour les créations de la manufacture, et apposé sur des supports différents. En effet, la galerie Marc Maison possède un vase en verre opalin d’une paire présentant un décor identique. Les vases « Clair de lune » créés par Baccarat sur le modèle d’Eugène Rousseau présentent le même principe de vases en cristal bleu au décor japonisant, dotés d’une monture très proche.

Baccarat, vers 1880

Baccarat, Paire de vases de forme bouteille perse rubis, vers 1880 Cette paire de vases de forme bouteille perse au décor végétal japonisant fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880.

Baccarat, vers 1880

Baccarat, coupe au paysage japonisant, vers 1880 Son décor gravé à la roue se détache sur un cristal d’une grande pureté. Il s’agit d’un paysage japonisant : des oies sauvages s’envolent au-dessus d’une mer, dont les vagues moulées rappellent celles de Kanagawa par Hokusai. À l’arrière émerge un immense soleil rappelant le surnom du Japon, le « pays du soleil levant ». La coupe repose sur une monture en bronze doré agrémentée de quatre perdrix, perchées sur des branches chargées de fruits ou de fleurs. Deux d’entre elles picorent des fruits. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Le cachet de Baccarat, apposé à partir de 1875, se trouve sous la base de la monture. Baccarat créa une autre coupe au décor tout aussi japonisant, soufflée dans une forme identique, dont les détails sont soulignés d’or et de brun. Elle repose également sur une monture en bronze doré japonisante.

Baccarat, vers 1880

Ce meuble vitrine de style Louis XIV plaqué d’ébène aux garnitures en bronze doré, fut exécuté par L’Escalier de Cristal après 1891. La prestigieuse maison L’Escalier de Cristal fut fondée vers 1808 par la veuve Désarnaud. À la fin du XIXe siècle, elle fut reprise par les frères Georges et Henry Pannier, qui entreprirent de débuter une production mobilière en 1891. En partie basse, le meuble présente deux vantaux ornés d’une délicate marqueterie d’ébène, de palissandre et d’étain évoquant les réalisations d’André-Charles Boulle à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Ce motif est repris sur les petits côtés. La jonction des deux panneaux marquetés est dissimulée par un pilastre ionique cannelé reposant sur un masque d’Apollon en bronze doré faisant également référence aux meubles de Boulle. La partie supérieure du meuble est vitrée et présente un encadrement marqueté d’étain et de laiton formant une délicate frise de feuilles. Le fond est tapissé de velours de soie rouge. La signature de l’Escalier de Cristal se trouve à l’intérieur du vantail de la bibliothèque. Les carnets de Henry Pannier contiennent un dessin de cette vitrine. Ils indiquent qu’elle fut commandée en trois exemplaires : une paire pour Alexandre Polovstov, conseiller à la cour de Russie et fondateur du musée Stieglitz, et une seule pour un dénommé « Kunt[z]elman », client fidèle du magasin.

L’Escalier de Cristal, après 1891

Le vol du Colvert : le plat en faïence de Théodore Deck Portant la signature du céramiste Théodore Deck, ce plat est un hommage à la faune sauvage des marais. Son décor met en scène un canard Colvert aux ailes déployées, entre ciel et eau. Remarquons la finesse des détails et le grand naturalisme de Deck. Le fond décoratif est finement exécuté. Les nuances de bleu varient en fonction de l’épaisseur de l’émail. Fasciné par le japonisme, Deck fait ici appel à un animal représenté par Hiroshige dans certaines estampes. La galerie Marc Maison présente un plat au décor similaire, représentant un canard s’élevant dans un ciel nuageux, où pointe un soleil d’or. Les œuvres de Théodore Deck sont présentes dans les plus grandes institutions, telles que le musée d’Orsay, le musée des arts décoratifs à Paris et le Metropolitan Museum de New York.

Théodore Deck 1880-1890

Cette paire de vases, à l’évasement élégant, se caractérise par son alternance colorée. Celle-ci est obtenue grâce à la création d’un cristal double, transparent vers l’intérieur et rouge vers l’extérieur. Les bandeaux d’un rouge brillant sont gravés de motifs géométriques et floraux à la roue, tandis que la couche interne, dégagée à l’aide de l’acide ou d’un sablage, à l'aspect mat du verre dépoli. Ces vases s’inscrivent dans une monture en bronze doré reposant sur trois pieds aux courbes élégantes, achevées par des boules. Des médaillons dans lesquels s’inscrivent des profils de personnages grecs à l’antique sont présents au sommet et à la base de la monture. Finement ciselée, la monture épouse la forme du vase, et fait écho à la partie haute, en s’évasant vers la base. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. La cristallerie Baccarat créa également une coupe sur trépied, dont elle possède encore un exemplaire dans sa collection patrimoniale. S’y côtoient un cristal rouge et un transparent. Comme nos vases, elle est ornée de frises d’inspiration classique et repose sur un trépied en bronze doré.

Baccarat, vers 1878

Une opulence d'hibiscus et de quisqualis : un plat en faïence émaillée de Théodore Deck Ce magnifique plat à décor d’émail polychrome est signé par Théodore Deck, céramiste de renom du XIXe siècle et directeur de la manufacture de Sèvres à la fin des années 1880. Réalisée vers 1878, notre pièce s’inscrit dans la période glorieuse de Deck, régulièrement récompensé dans les expositions universelles pour ses céramiques émaillées de prestige inspirées des arts de l’Extrême-Orient. Sur un fond bleu caractéristique du style de Théodore Deck (dit le « Bleu » de Deck), des fleurs d’hibiscus et de quisqualis s’entremêlent en une liane tropicale. Un papillon accompagne cette féérie florale. L’hibiscus est une famille de végétaux issus des régions tropicales. L’espèce quisqualis est originaire de Chine. Ces deux plantes traduisent le goût pour l’exotisme dans les arts décoratifs de cette période. Les couleurs des pétales, rouge et blanc, sont fraîches et puissantes. En habile coloriste, Deck joue à merveille des associations entre teintes primaires et secondaires. Le musée des Arts Décoratifs à Paris conserve un plat à décor floral comparable à notre pièce.

Théodore Deck, 1880

La Mer. Une œuvre prodigieuse de Pierre-Adrien Dalpayrat. Très rare, notre jardinière est l’œuvre d’Adrien Dalpayrat, l’un des plus grands céramistes européens de la fin du XIXe siècle. Elle porte sa marque, une grenade éclatée, en creux sous la base. Le style de cette pièce répond pleinement à l’esthétique symboliste de la Belle Epoque. Contemporaine de La Vague de Camille Claudel, elle précède les esquisses symphoniques de Debussy en 1905 (La Mer). Dalpayrat était réputé pour ses créations inspirées par les formes animalières et naturelles d’une grande originalité, d’une invention chimérique et foisonnante. Sa notoriété tient aussi à sa maîtrise exceptionnelle du grès flammé et de la teinte rouge qu’il emploie, dit « Rouge Dalpayrat ». Plus qu’un simple vase, notre jardinière est une composition sculpturale en hommage aux mouvements de la mer. Le céramiste magnifie le tourbillon des vagues et de l’écume, qui met à découvert un beau crabe marin traité en haut-relief. Le mariage entre les couleurs vert et noir des flots océaniques et le rouge lumineux du crabe est d’une grande virtuosité. Notre jardinière formait la pièce maîtresse d’une garniture de cheminée, comptant également deux vases. L’un se trouve au Saint Louis Art Museum et le second dans une collection privée. Cet ensemble fut publié dans La Revue Illustrée le 15 juin 1896. Le modèle de notre jardinière fut exposé au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1898. Modèles en plâtre ayant servi pour notre garniture.

Pierre-Adrien Dalpayrat, 1896

Ce vase au lion fut exécuté par la verrerie Daum. Il s’agit d’un modèle qui fut présenté lors de l’Exposition Universelle qui eut lieu à Chicago en 1893, sans base en vermeil. Fondée à Nancy en 1878 par Jean Daum, la verrerie Daum fut rapidement reprise par ses fils, Auguste et Antonin. A partir de ce moment, des créations de plus en plus complexes d’un point de vue technique y furent conçues. Un lion dit « rampant » façon agathe rouge, rehaussé d’or, se détache sur un fond granité rouge, laissant apparaître par endroit une deuxième couche de verre, de couleur verte. L’arrière du vase est entièrement ouvert sur cette deuxième couche granitée verte, ornée de décors s’inscrivant dans un chevron renversé et évoquant l’héraldique. Le col du vase présente le même traitement que le lion. Sa base est en vermeil (argent doré). Le vase est signé « Daum / Nancy / ☨ », sous la base. Les jeux des couches, des couleurs et du rendu des matières font de ce vase un bel exemple de l’excellence de la verrerie Daum dans les dernières années du XIXe siècle. Un autre exemplaire de ce vase est passé en vente chez Tajan en 2015. Celui-ci présente de légères variations dans le creusement du verre. la couche de verre de couleur verte transparaît davantage autour de la figure léonine.

Daum, vers 1893

Cette paire de vases noirs au décor doré japonisant fut exécutée par les cristalleries du Val Saint-Lambert vers 1880. Fondée en 1826, la cristallerie du Val Saint-Lambert connaît son apogée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. La couleur noire du cristal hyalite est obtenue grâce à l’injection de scories ou de soufre dans le verre. Ce fond sombre met en valeur le décor peint à l’or. L’association de ces deux teintes permet d’imiter la laque chinoise ou japonaise, qui fascine les artistes européens depuis le XVIIIe siècle. Ces vases s’inscrivent ainsi dans la vogue du japonisme qui marque le monde artistique à la fin du XIXe siècle. Le décor peint à l’or, en relief par endroits, représente un paysage de pagodes entourées de palmiers et survolées par des échassiers. Le musée du verre de Charleroi conserve un vase d’un modèle très proche de celui-ci, daté d’après 1879.

Cristalleries du Val Saint-Lambert, vers 1880

Beauté et simplicité : Plat à décor floral de Théodore Deck Réalisé vers 1880-1890, ce grand plat décoratif est l’œuvre de Théodore Deck. Théodore Deck est un céramiste très réputé de la seconde moitié du XIXe siècle. Il est connu pour sa technique virtuose et sa science des couleurs. Le décor foisonne de détails en lien avec la nature. Fleurs, papillons, feuillages délicats ornent avec délicatesse et harmonie un fond blanc d’une grande sobriété. Conformément à son goût, Deck trouve son inspiration dans les motifs d’Extrême-Orient. Le musée des Arts Décoratifs conserve un plat similaire, également à fond blanc, réalisé en 1867.

Théodore Deck, 1880-1890

Fleurs et paillons d’or : un vase en céramique d’exception d’Emile Gallé. Signé du nom d’Emile Gallé, notre vase est une pièce rare. Il fut façonné à Nancy en 1884. Cette œuvre, juste antérieure à la vague de l’art nouveau, révèle le talent précoce de Gallé. A cette époque, Gallé étudie la minéralogie et développe sa passion pour les sciences naturelles. Afin d’évoquer la nature, l’artiste n’hésite pas à user de techniques complexes. La faïence comporte des inclusions de parcelles métalliques qui lui donnent un caractère précieux. Le décor floral est ainsi illuminé par des paillons d’or. Du rouge-brun vers le jaune d’or, le dégradé de couleurs est particulièrement chaleureux et élégant. Le bord du vase est orné d’un décor végétal. A l’image de nombreuses créations de Gallé, ce vase est plus proche de l’œuvre d’art que du simple objet décoratif. Source d’émotion, il s’adresse autant à l’œil qu’à l’esprit. On connaît un vase d'une taille plus importante, qui a été présenté à l'exposition de l'union centrale des arts décoratifs de 1884. Dessinée par Gallé, une étude préparatoire d’un vase de la même période est conservée au musée d’Orsay.

Émile Gallé, 1863 - 1877

Une garniture de cheminée dans l’esprit de la Renaissance Par Paul Soyer Cette garniture de cheminée se compose d’une pendule et de deux cassolettes. L’ensemble fut réalisé vers 1875. Chaque pièce présente une combinaison subtile de bronze doré et argenté ainsi que d’émaux peints. Les cassolettes (formant vases ou urnes) sont ornées d’un décor de putti en ronde bosse en bronze ainsi que d’émaux figurant des personnages de la Renaissance. La pendule adopte une forme architecturale ouvragée évoquant le style de la Renaissance. Elle est ornée de panneaux d’émaux peints représentant un masque grotesque et deux chérubins encadrant un vase à fleurs. Paul Soyer est l'un des plus importants émailleurs du XIXe siècle. Cet ensemble, particulièrement riche et décoratif, s’inscrit dans le goût du Second Empire. Un modèle de pendule similaire, daté des années 1875, est conservé au musée d’Orsay. La galerie Marc maison présente un modèle analogue dont la taille est plus importante.

Paul Soyer, 1875

“Sauve qui peut” : Une création de Louis-Robert Carrier-Belleuse pour la Faïencerie de Choisy-le-Roi Vase d’une grande originalité, cette œuvre est de la main de Louis-Robert Carrier-Belleuse, fils de l’éminent sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse. Portant le titre de Sauve qui peut (inscrit dans la base), ce vase de couleur rouge présente un décor de putti fuyant, formant une ronde. Ils semblent craindre un être hybride placé plus haut sur la panse, tout droit sorti du romantisme noir. L’ensemble est plein de fantaisie et d’humour. La version en plâtre de ce vase fut exposée pour la première fois au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1896. L’œuvre est médaillée. Au Salon de 1898, Carrier-Belleuse présente sa version en grès, aux côtés de trois autres vases intitulés Hercule et Omphale, Enfants et papillons et Musique. En 1900, notre vase fut reproduit dans la revue La Décoration ancienne et moderne. Louis-Robert Carrier-Belleuse connut une très belle carrière dans le domaine des arts décoratifs. Pour la faïencerie de Choisy-le-Roi, il conçut de nombreux modèles de grande qualité, dont ce vase couvert est un témoin exceptionnel. Formé par son père, ainsi que par Gustave Boulanger et Alexandre Cabanel à l’école des Beaux-Arts, il dirigea les travaux d’art de la faïencerie de Choisy-le-Roi.

Louis-Robert Carrier-Belleuse, 1898

Un décor impressionniste : Grand vase en faïence de Louis Auguste Lepère pour la Faïencerie Laurin. Conçu entre 1875 et 1878, ce grand vase ovoïde est une prouesse technique en raison de sa taille et de son décor. En faïence, le décor polychrome est réalisé à la barbotine, suivant un procédé mis au point par Ernest Chaplet à la faïencerie Laurin à Bourg-la-Reine en 1871. La technique de la peinture à la barbotine fut affectionnée pour confectionner les céramiques impressionnistes, en particulier par Auguste Lepère. Ce peintre, proche de Félix Bracquemond, est l’auteur du décor paysager qui orne notre vase. Il représente un paysage maritime normand, entre Dieppe et Etretat, aux falaises caractéristiques. Le décor se développe telle une toile panoramique, magnifiant la beauté du ciel et illustrant les activités des pêcheurs. La touche, vibrante et libre, évoque le style d’Eugène Boudin. La panse de notre vase est agrémentée de deux têtes de lions modelées en relief. Il repose sur un socle en noyer sculpté et teinté simulant un marécage peuplé de grenouilles. Nous connaissons un autre vase similaire qui appartenait anciennement à la Galerie Vauclair.

Louis Auguste Lepère et la Faïencerie Laurin, 1875 - 1878

De roses et de campanules : le précieux panneau en marqueterie de porcelaine de Julien-Nicolas Rivart Panneau décoratif d’une grande finesse, cette création est l’œuvre d’un talent unique : Julien-Nicolas Rivart. Ébéniste et peintre sur porcelaine, Rivart mit au point une technique originale en 1849 : la marqueterie de porcelaine. Notre panneau est une œuvre précieuse réalisée grâce à cette technique innovante et inégalée dans l’histoire des arts décoratifs. Le procédé consiste à mouler la forme en pâte de porcelaine tendre, cuite une première fois à très haute température puis égalisée à la meule. Émaillée, la pièce est cuite une seconde fois, puis peinte et chauffée pour fixer les couleurs. Les éléments en porcelaine sont ensuite ceints dans le panneau d’un bois recherché, selon les techniques de la marqueterie. Notre panneau présente un riche décor floral, composé de roses et campanules à feuilles rondes, d’une grande délicatesse et aux couleurs éclatantes. Les rinceaux plus fins, tels que les tiges de fleurs, peuvent être en résine de couleurs ou en bois d’essences de teintes variées. Admirées par Napoléon III sous le Second Empire, les œuvres de Rivart sont élégantes et subtiles. L’ébéniste conçut d’autres pièces de mobilier précieux, ornées de décors floraux, que la Galerie Marc Maison est heureuse de présenter.

Julien-Nicolas Rivart, 1849 - 1867

Scène bucolique à l’escarpolette : Une fantaisie décorative de Théodore Deck et Eugène Gluck Ce grand plat, façonné par le grand céramiste Théodore Deck et peint par Eugène Gluck, est une création datée de 1866. Entièrement décorative, notre pièce présente une scène digne d’un tableau d’Antoine Watteau. Il s’agit d’une fête galante dans un cadre bucolique. Les costumes renvoient à l’imaginaire de la Renaissance. Le centre du décor est occupé par une jeune fille sur une escarpolette, un siège suspendu par des cordes permettant de se balancer. Il s’agit d’un jeu pouvant s’avérer mutin, lorsque le caleçon long ou les jupons sont dévoilés par le vent. Deux jeunes femmes, richement parées, sont en conversation tandis qu’un couple se conte amourette. Le céramiste Théodore Deck est réputé pour son savoir-faire technique et ses collaborations avec les artistes. Ici, il s’attache le talent d’Eugène Gluck, peintre et illustrateur, originaire comme lui du Haut-Rhin. Théodore Deck et Eugène Gluck collaborent à partir de 1862. A cette époque, Gluck présente au Salon des scènes historiques pittoresques, dans la veine de ce décor. Des œuvres de Deck sont conservées au musée d’Orsay et au musée des Arts Décoratifs à Paris, ainsi qu’au Metropolitan Museum de New-York.

Théodore Deck et Eugène Gluck, 1866

Un guéridon au décor d’émail rarissime de la faïencerie de Rubelles Notre guéridon plaqué de palissandre, au plateau orné d’émaux ombrants d’un beau vert profond, est une pièce tout à fait exceptionnelle. Réalisé entre 1842 et 1844, ce décor d’émail est l’œuvre de la faïencerie artistique de Rubelles, près de Fontainebleau. Possiblement retiré de l’Exposition du commerce et des produits de l’industrie en 1844, notre guéridon est le seul exemplaire connu à ce jour. A la fin du XIXe siècle, ses créations sont très prisés des connaisseurs qui se les disputent « à prix d’or ». Elles étaient comparées aux plus belles porcelaines anglaises. Très rare, ce décor est en faïence lithophanique, une technique mise au point par le baron de Bourgoing en association avec Alexis du Tremblay, propriétaire du château de Rubelles. Directeurs de la Manufacture de Rubelles, les deux associés exploitèrent ce procédé original durant une quinzaine d’années. Il permet d’obtenir des effets de transparence dans la porcelaine. Les dessins sont rendus en dégradés, depuis les ombres opaques jusqu’à des lumières très translucides.

Rubelles, 1842 - 1844

Variation nocturne : une création rare d’Emile Gallé Notre plat en faïence, rehaussé de dorure, est un objet d’exception. Réalisé entre 1863 et 1890, il porte la signature d’Emile Gallé, fondateur de l’Ecole de Nancy. Sa forme singulière peut tout d’abord évoquer un nuage. Mais l’explication est plus subtile encore. Il représente un ancien château médiéval, gagné par les feuillages, au bord de l’eau. Des chauves-souris volent dans le ciel. Elles apportent un air de mystère à ce paysage inspiré du romantisme noir. En effet, le décor évoque à tout point de vue les dessins de Victor Hugo, dont les vers ont souvent inspiré Gallé. A présent, nous comprenons les formes curieuses qui bordent le plat et entourent la scène : il s’agit de deux silhouettes de chauve-souris. Un plat comparable est conservé au musée de l’Ecole de Nancy. Mais notre exemplaire est plus riche. Il est le seul exemple connu présentant l’application d’une dorure, ce qui entraîne une cuisson supplémentaire. Il s’agit d’une pièce tout à fait exceptionnelle.

Emile Gallé, 1863 - 1890

Splendeur des arts décoratifs sous le Second Empire : Le vase à la grecque de la cristallerie Baccarat Chef-d’œuvre de la cristallerie Baccarat, notre vase en cristal doublé emprunte la forme d’un cratère grec. Il fut réalisé entre 1864 et 1867. Lors de l’exposition universelle de 1867, la célèbre cristallerie exposa des modèles relevant de ce style décoratif néogrec, très en faveur sous le Second Empire. Elle plaçait alors une partie de sa production sous le signe de Dionysos, figure majeure du panthéon mythologique. Notre exemplaire est le seul connu à ce jour à allier la forme d’un cratère et la couleur rose. Certains modèles présentant un décor similaire, mais de couleur bleue ou jaune, sont répertoriés par les spécialistes. Le décor, qui met en scène des motifs liés aux libations et aux agapes, est le fruit d’une technique complexe. Sur fond blanc opale, personnages et ornements sont gravés à l’acide fluorhydrique, selon la technique mise au point par le chimiste allemand Louis Kessler en 1855, dont Baccarat acheta le brevet en 1864. D’autres pièces de la cristallerie Baccarat présentant un décor comparable sont conservées dans d’importants musées, tels que le Corning Museum of glass, le Chrysler Museum à Norfolk ou le musée d’Orsay.

Baccarat, 1864 - 1867

Inspiré des arts de l’Extrême-Orient : Le grand vase bleu de Théodore Deck Signé et portant le cachet du céramiste, ce grand vase turquoise est une création de Théodore Deck. Ce bleu, dit « bleu de Deck », est devenu la signature esthétique de ce céramiste de renom. Catalogué comme un cache-pot, ce grand vase est en faïence émaillée. Pour ses pièces originales et innovantes, Deck fut médaillé d’argent à l’Exposition universelle de 1867. Le décor témoigne de sa fascination pour les arts d’Extrême-Orient. Inspiré de vases japonais de la fin du XIXe siècle, il représente des dragons, créatures fantastiques venues de l’imaginaire asiatique. Une pièce ornée d’un décor comparable, et du même bleu éclatant, est conservée au Metropolitan Museum à New York.

Théodore Deck, 1880-1890

Le vase au Ara royal peint par Albert-Léon Lebarque et sa sellette d’origine. Exemplaire de la fascination du XIXe siècle pour l’Asie, le décor de ce vase spectaculaire est l’œuvre d’Albert-Léon Lebarque. Peintre et sculpteur, Lebarque est connu pour avoir dessiné les médailles de la Compagnie du Chemin de Fer du Nord. Lebarque travailla également en tant que peintre sur faïence pour des céramistes de renom, exposant notamment dans les expositions universelles. Notre vase est présenté sur sa sellette d’origine. En bois, elle se caractérise par son style japonisant, ses formes complexes et sa grande élégance. Le vase est orné d’un décor très riche en motifs et couleurs, peint sur une céramique émaillée et signé par l’artiste. Il associe des lilium épanouis, des papillons et un magistral Ara à la robe bleue et or. Il s’agit d’un perroquet royal, un animal symbole de liberté, de pouvoir et de longévité dans la culture asiatique. La panse joufflue de notre vase présente également deux têtes de grotesque, placées symétriquement. Leur présence souligne le caractère merveilleux de ce décor.

Albert-Léon Lebarque, 19ème siècle

Le lys tigré : Une céramique émaillée par Théodore Deck et Anthony-Ludovic Regnier Notre plat à décor floral, signé par le peintre Anthony-Ludovic Regnier et présentant le monogramme de Théodore Deck, date de 1881. Il porte le numérotage « 160 » ainsi que le titre de « Lys Tigré ». La flore et la faune s’unissent sous le pinceau d’Anthony-Ludovic Regnier, spécialisé dans l’illustration botanique. Ce décor naturaliste représente une fleur monumentale et son feuillage complexe, ainsi qu’un papillon et un petit insecte. L’inspiration de ce décor vient d’Extrême-Orient, le lys tigré étant une fleur essentiellement cultivée en Asie. A l’image de l’ensemble des œuvres de Deck, les couleurs sont ici saisissantes, tout comme la qualité de l’émail. Le bleu qui domine est caractéristique du style de Deck. Ce plat est révélateur du goût de Théodore Deck pour la collaboration avec les peintres auxquels il fit souvent appel. Le Musée des Arts décoratifs à Paris conserve un plat comparable à la pièce que nous présentons. Les œuvres de Deck sont également à découvrir au musée éponyme de Guebwiller.

Théodore Deck et Anthony-Ludovic Regnier, 1881

L’Horloge néo-renaissance : un chef d’œuvre de Jules Brateau Réalisée en 1900, notre horloge est une pièce majeure du sculpteur et orfèvre Jules Brateau. Cet artisan de renom fut plusieurs fois médaillé aux expositions universelles. Montée sur un pied central, l’horloge présente quatre faces finement ornées et ciselées. Le décor, en faible relief, est un hommage aux artistes de la Renaissance italienne et française. Les feuillages, quant à eux, sont dans l’esprit de la mode Art nouveau. Sous le cadran couleur cuivre, représentant un soleil argenté, un adolescent ailé repose près d’un feu. L’iconographie est riche de symboles. Sur l’une des faces de l’horloge, une femme ailée, tenant une corne d’abondance, chevauche la roue du temps ou du destin. Sur la face arrière de l’horloge, Adam et Eve sont représentés. Le couple originel fait écho au serpent ornant le pied central, fait d’une branche de tournesol reposant sur un œillet épanoui. Émergeant d’un riche décor végétal, une inscription latine signifie « Que les heures heureuses soient comptées toutes entières ». Quatre exemplaires de cette horloge sont connus à ce jour, leurs décors comportent quelques variantes. L’un d’eux est conservé dans une collection particulière. Son cadran émaillé de bleu, couleur du ciel, est orné d’un soleil doré. Célébrée dans la presse, notre horloge fut reproduite dans la revue Art et Décoration en juillet 1900.

Jules Brateau, 1900

Le japonisme en majesté : Un rare plat à décor de carpes Koï de la Manufacture Vieillard & Cie Rare exemple du goût précoce pour le japonisme dans les arts décoratifs du XIXe siècle, ce plat est signé par la célèbre manufacture bordelaise Vieillard & Cie. Datée des années 1870, notre pièce se caractérise par sa grande élégance et ses couleurs vives. La forme arrondie des poissons s’inspire probablement du décor d’une tsuba, soit la garde d’un sabre japonais. La carpe Koï est souvent associée au sabre japonais, dont l’entrée du fourreau est appelée « bouche de carpe ». Le sabre représente la puissance, la carpe koï illustre le courage et la persévérance. Un conte chinois ancien rapporte en effet que les plus courageuses carpes Koï, parvenant à remonter le fleuve Jaune, se métamorphosaient en dragons. Remarquons ce vert acide, peu fréquent dans les créations des faïences bordelaises. L’usage de couleurs si vibrantes pourrait révéler l’influence de Christopher Dresser, fameux créateur anglais de l’époque victorienne. A ce jour, un seul autre plat comparable est connu. Conservé en collection particulière, il présente toutefois des coloris différents. Les œuvres de la manufacture Vieillard & Cie sont conservées dans des prestigieuses institutions nationales comme le musée d’Orsay et le musée des Arts Décoratifs à Paris. Il s’agit toujours de pièces exceptionnelles, d’une qualité inégalée

Manufacture Vieillard & Cie, 1870

La reine d’Egypte : Une création envoûtante du céramiste Théodore Deck et du peintre Albert Anker Daté de 1869, notre plat présente un somptueux décor égyptisant, fruit de la collaboration entre le célèbre céramiste Théodore Deck et le peintre Albert Anker. L’Egypte est une passion française durant le XIXe siècle, célébrée par les peintres, les sculpteurs, les décorateurs et les musiciens fascinés par l’Orient. A l’honneur dans les expositions universelles, l’Egypte est au cœur de l’actualité en 1869, année de l’inauguration du canal de Suez. Associant les arts décoratifs et les beaux-arts, notre plat met à l’honneur le profil d’une reine égyptienne richement parée. Sa bordure est ornée de personnages et de hiéroglyphes caractéristiques de la période pharaonique, tels que Champollion les a déchiffrés dans les années 1820. La couleur jaune est typique des objets funéraires égyptiens, qui enrichissent les collections du Louvre au cours du siècle. Le musée d’Orsay conserve une œuvre similaire, un plat à décor assyrien de 1870, issu de la même collaboration entre Deck et Anker. Il s’agit d’objets rares.

Théodore Deck (céramiste) et Albert Anker (peintre), 1869

Cette paire de vases au bambou fut exécutée vers 1880 par la cristallerie Baccarat. La grande transparence du cristal et la forme quadrilobée des vases permettent de mettre en valeur le fin décor émaillé d’or exécuté sur la surface des vases. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ce décor en léger relief présente de longues tiges de bambou au bord d’une étendue d’eau couverte de nénuphars ainsi que, sur l’autre face des vases, des branches d’érable du Japon. Les décors se répondent d’un vase à l’autre selon une symétrie axiale. Ces essences extrêmes-orientales et ce traitement en surface s’inscrivent dans la vogue du japonisme à la fin du XIXe siècle. La cristallerie Baccarat, novatrice dans son adhésion précoce au japonisme, créa un flacon sur pied entre 1880-1890 en cristal soufflé, conservé au musée d’Orsay. Ses décors émaillés et cernés d’or sur le cristal transparent sont issus d’un travail identique à celui de ce vase. Baccarat conçut également un vase très proche du nôtre dans la forme et dans la mise en œuvre de la technique, au décor de tortue d’inspiration éminemment extrême-orientale.

Baccarat, vers 1880

Baccarat (attribué à), Vase en cristal rouge aux fleurs et aux pinsons, vers 1880 Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ces vases rouleaux en cristal soufflé de teinte rubis présentent un décor gravé à l’acide et doré. Japonisant, leur décor présente deux couples de pinsons aux positions différentes. Ils évoluent dans un paysage de roses et autres fleurs sur un tapis d’herbe fleurie. L’influence des estampes japonaises est perceptible dans le thème, ainsi que dans la manière de construire l’espace et de représenter le paysage et les animaux. La cristallerie Baccarat exécuta de nombreux vases couleur rubis portant des décors très similaires à celui-ci, dans les années 1880. Un ensemble de trois vases rouleaux à la forme et au décor proches est notamment passé à Drouot ; leur monture en bronze doré porte le cachet de la cristallerie.

Baccarat (attribué à), vers 1880

Ce meuble d’appui et présentoir fut exécuté par Gabriel Viardot en 1888, à l’apogée de sa carrière. Sculpteur sur bois de talent, Gabriel Viardot ouvrit en 1853 une fabrique et un magasin de meubles à Paris. Dans les années 1870, il décida de se consacrer au « mobilier genre chinois-japonais ». Il obtint une médaille d’argent à l’Exposition Universelle de Paris en 1878, puis la médaille d’or à l’Exposition internationale d’Anvers en 1884, et aux Expositions universelles de Paris de 1889 et de 1900. Ce meuble, quoique adapté aux usages européens, s’inscrit dans la production sino-japonisante de Viardot. Son socle est ajouré de volutes géométrisées formant un cœur au centre. La porte est décorée d’un panneau japonais exceptionnel de l’époque Meiji (1868-1912). Il est orné d’une nature morte alliant bas-relief et incrustations de nacre. Cette représentation est caractéristique de l’art japonais de cette époque. Il comporte de nombreuses similitudes stylistiques et de technique avec cet autre panneau de l’ère Meiji. L’un des petits côtés est orné d’un bambou en fleur accompagné d’une inscription faite de caractères choisis pour leur aspect esthétique, probablement tirée d’estampes japonaises. L’autre est sculpté de branches de gui. Le couronnement du meuble s’inspire de l’architecture extrême-orientale et est orné d’un lion rugissant. La signature de Viardot se trouve sur le côté droit du meuble, en partie basse. L’estampille et la date, rarement indiquée, ce qui est révélateur de la valeur de ce meuble, se trouvent sur son côté gauche. Gabriel Viardot créa un petit cabinet japonisant connu par un dessin ancien, dont la partie haute, plus spécialement le couronnement, est très proche de celle de ce meuble d’appui.

Gabriel Viardot, 1888

Cristallerie Saint-Louis, Paire de vases rubis au décor japonisants, v. 1880 Cette paire de vases aux cigognes fut exécutée par la cristallerie Saint-Louis vers 1880. La cristallerie Saint-Louis fut fondée en 1585 dans la vallée de Münzthal. Elle travailla d’abord le verre, avant de percer le secret de la fabrication du cristal en 1781. Ces vases en cristal rubis sont ornés de motifs japonisants. Ceux-ci furent gravés à l’acide, puis émaillés d’or. A côté de la cigogne, un arbre d’essence extrême-orientale s’épanouit sur la panse. Il est accompagné d’un papillon. A l’opposé de la cigogne se trouvent deux cartouches circulaires emboîtés, présentant de légères variations d’un vase à l’autre. Le premier cercle accueille un paysage japonisant (une étendue d’eau bordée de roseaux, un arbre évoquant un pin sur un rocher). Le second est dépoli, ce qui donne à la couleur rouge un aspect mat. Les vases sont signés à l’or : « St Louis » et portent une étiquette ancienne de la cristallerie. Une paire de vases du même modèle sont conservés en collection particulière.

Cristallerie Saint-Louis, vers 1880

Cette garniture au paysage japonisant fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Cette garniture en cristal rubis est composée de deux vases et d’une jardinière. L’ensemble est emblématique de la qualité des œuvres de la cristallerie. Les décors émaillés d’or des vases représentent un paysage japonisant à la faune et à la flore extrême-orientales. Les échassiers en sont particulièrement caractéristiques. La jardinière est ornée d’un paysage aquatique survolé par des oies sauvages. Un vaste soleil d’or émerge d’un arrière-plan montagneux. Les anses en cristal transparent sont également ornées de motifs décoratifs dorés. Chaque élément de la garniture est monté. Le cachet de la cristallerie, apposé depuis 1875, soit peu de temps avant la création de cette pièce, se trouve sous la base de la monture en bronze doré. Baccarat exécuta, dans la même période, une autre garniture montée en cristal rouge émaillé d’or, aux formes légèrement différentes et au décor japonisant très proche.

Baccarat, vers 1880

Cette paire de vases au décor japonisant fut réalisée par la cristallerie Baccarat vers 1880. Elle créa ces vases de forme carrée en cristal noir reposant sur une monture de bronze. Ces œuvres sont ornées d’un décor naturel d’une grande poésie exécuté grâce à la technique de l’émaillage à chaud en relief. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles, tout au long du XIXe siècle. La couleur noire du cristal hyalite est obtenue grâce à l’injection de scories ou de soufre dans le verre. Ce fond sombre met en valeur le décor peint. Ici, il permet de créer un décor exécuté à l’imitation des plaques de laque chinoise ou japonaise : sur le fond noir se détachent des branches de cerisier en fleurs, autour desquelles volent des oies sauvages. Les dessins des deux vases se répondent selon une symétrie axiale. Les couleurs vives se détachent nettement sur le fond, qui met en avant la minutie et le sens du détail mis en œuvre pour ce décor. La monture en bronze, présente au sommet et à la base des vases, adopte également un style orientalisant : le vase repose sur quatre têtes d’éléphant appuyées sur leur trompe. Un dessin préparatoire conservé dans les archives de la cristallerie montre un vase dont le décor japonisant fut conçu selon le même principe d’imitation de la laque par le cristal noir.

Baccarat, vers 1880

L’arbres aux cerises : Un décor aux oiseaux et aux fruits par Théodore Deck et Eléonore Escallier Portant le monogramme du céramiste Théodore Deck et la signature de la peintre Eléonore Escallier, ce grand plat décoratif date de 1871. L’objet est numéroté dix. D’inspiration extrême-orientale, son décor est le fruit du dessin d’une artiste nommée Éléonore Escallier. Une des rare femme qui collabore avec la Manufacture de Sèvres. Peintre et céramiste spécialisée dans les scènes naturalistes, Escallier est considérée par Théophile Gautier comme une artiste pleine de sincérité et de naturel. Elle expose régulièrement au Salon, où les femmes sont minoritaires. La collaboration entre Deck et Escallier débute dans les années 1860. Le céramiste de renom est connu pour faire appel aux peintres, qui associent leur talent à ses créations techniques. Le décor estival composé par Eléonore Escallier met en scène des oiseaux picorant des cerises sur une branche. La composition, parfaitement maîtrisée, est d’une très belle facture. Deux autres plats issus de la collaboration entre ces deux artistes sont conservés au musée des Arts décoratifs à Paris.

Théodore Deck et Eléonore Escallier, 1871

Ce vase au décor de dragon fut créé par la cristallerie Saint-Louis avant 1900. La cristallerie Saint-Louis fut fondée en 1585 dans la vallée de Münzthal. Elle travailla d’abord le verre, avant de percer le secret de la fabrication du cristal en 1781. Le corps du vase, en verre multicouche, présente un fond vert jade gravé à l’acide qui permet, grâce à l’alternance de zones brillantes et de zones plus mates, d’évoquer l’air dans lequel évolue le dragon. La couche colorée supérieure, rouge, fait apparaître les motifs du dragon et des chauves-souris, ainsi que les nuages. Les lignes gravées laissent transparaître la teinte du fond du vase, tandis que certains détails sont rehaussés d’or, ce qui donne à la figure fantastique profondeur et vie. L’inspiration chinoise de la pièce est particulièrement sensible dans les motifs qui ornent le vase. Le dragon est un motif éminemment extrême-oriental ; le traitement des nuages s’inscrit également dans un mode de représentation orientalisant ; enfin, les flammes sont représentées de la même manière dans l’art chinois que sur notre vase. Il est même probable qu’un modèle chinois existant ait été copié pour la réalisation de cette pièce. Le musée Saint-Louis conserve dans ses collections un vase identique à celui-ci.

Cristallerie Saint-Louis, avant 1900

Cette paire de vases aux chardons fut exécutée par la cristallerie Baccarat vers 1890. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Ces vases furent réalisés en cristal clair soufflé imprimé de motifs de feuilles ; pour le décor, il fut doublé de cristal améthyste orné d’un décor émaillé au champlevé noir et or. Deux fleurs de chardon s’enroulant autour du corps des vases, se répondent selon une symétrie axiale. Les deux vases reposent sur un socle en bronze doré, sous la base desquels se trouve le cachet de la marque. Le vase aux népenthès de Baccarat, conservé en collection particulière, fut réalisé à l’aide des mêmes techniques. Le cristal présente un traitement de surface identique. Il présente un décor de népenthès. Comme les chardons, cette plante est rendue de manière très naturaliste. Ce vase fut présenté lors de l’Exposition internationale de l’Est de la France en 1909.

Baccarat, vers 1890

Cette paire de vases au décor japonisant fut réalisée par la cristallerie Baccarat vers 1900. Fondée sous Louis XV, la manufacture de cristal française Baccarat fit montre de son excellence aux Expositions Universelles tout au long du XIXe siècle. Elle créa ces vases en forme de balustre en verre opalin reposant sur une monture de bronze patiné. Ce verre précieux est orné d’un décor naturel d’une grande poésie. Leur décor les inscrit dans la vogue du japonisme à la fin du XIXe siècle : sur un fond gris comme nuageux et pailleté d’or se détachent des branches de cerisiers en fleurs sur lesquelles sont posés deux oiseaux, probablement des sittelles bleues et des pies-grièches rouges, deux espèces asiatiques. À l’arrière-plan, la pleine lune côtoie un cartouche circulaire peint à l’imitation des estampes japonaises. Rappel stylistique du corps du vase, la monture en bronze présente également un style orientalisant. Baccarat créa d’autres vases au décor proche, conservés au Corning Museum of Glass.

Baccarat, 1900

Le chef-d’œuvre japonisant de André-Fernand Thesmar et Barbedienne. Pièce rarissime, ce grand vase est l’œuvre d’André-Fernand Thesmar. Il fut réalisé en 1873. Thesmar est un peintre et émailleur français travaillant pour la Fonderie Barbedienne. En 1875, il est honoré de la médaille d’or de l’Union centrale des arts décoratifs. Le nom de Barbedienne est, quant à lui, un monument dans l’histoire de la fonderie d’art (petits bronze d’édition et objets décoratifs). De forme ovoïdale et de taille impressionnante, ce vase est une prouesse technique. La cuisson d’une pièce de cette ampleur dans un four est extrêmement difficile. Son décor japonisant est d’une grande magnificence. Il représente des colverts et des libellules volant à fleur d’étang au milieu des roseaux et des fleurs de nénuphars. Le bleu du ciel, par son rendu atmosphérique, offre des dégradés subtils tirant jusqu’au rose. Thesmar utilise une technique proche de celle du cloisonné, s’inspirant de l’émaillage japonais. Elle demande une grande habilité et une profonde délicatesse. A ce jour, nous pouvons affirmer qu’il s’agit d’une pièce unique, qui ne connaît aucun équivalent dans la production de Thesmar. Sa rareté est confirmée par la signature complète de l’artiste en toutes lettres. Un plat réalisé par Thesmar pour Barbedienne, exposé au Salon de 1875, présente un décor tout à fait similaire. Il est conservé au musée national de la Céramique de Sèvres.

André-Fernand Thesmar et Barbedienne, 1873

Un décor floral sur fond or : un plat en céramique émaillée d’Amalric Walter. Créé vers 1900, ce plat en céramique émaillée s’inscrit dans la mouvance de l’Art Nouveau. Il est redevable au talent d’Amalric Walter. Formé à la Manufacture de Sèvres, Amalric Walter est un maître-verrier célèbre pour ses faïences et ses pâtes de verre. A partir de 1905, il devient un collaborateur précieux au sein de la cristallerie Daum. Walter est connu pour son talent technique, salué pour sa maîtrise des dégradés de couleurs, d’effets allant de l’opaque au translucide, sa science des détails. Le jeu des matières et des couleurs fait la beauté de cette pièce. Le fond or, conçu grâce à la technique des paillons d’or sous glaçure, est d’une remarquable préciosité.

Amalric Walter, 1900

Une pièce unique d’Ernest Chaplet et de Ringel d’Illzach : La Grande Tombola des nations Ce vase ovoïde est une pièce unique dans la production d'Ernest Chaplet, l'un des plus talentueux céramistes du XIXe siècle. Fruit de la collaboration entre Ernest Chaplet et la faîencerie Haviland. Notre vase porte la signature du céramiste Ringel d’Illzach. Son décor original représente une scène de loterie et de fête urbaine, se développant sur la panse tel un véritable tableau. Dans ce décor vivant, l’ambiance est aux festivités populaires, sur fond de cheminées d’usine. Le jeu de la tombola est symbolisé par une roue de loterie, dite aussi de la chance. Dans la foule, la présence d’un soldat évoque l’ambiance des années 1870-1871. Peut-être s’agit-il d’une tombola au bénéfice des militaires français, Paris ayant subi un siège puis l’évènement de la Commune. D’autres personnages assistent aux préparatifs de numéros de cirque (la danseuse, l’homme fort). Le thème fut illustré, à la même époque, par Eugène Grasset, Toulouse-Lautrec ou Georges Seurat. D’un aspect mat et minéral, ce vase est traité à l’engobe turquoise, en relief et gravé, rehaussé de dorure. Son exécution est précise, fine et audacieuse. La Galerie Marc Maison présente également sur son site un plat en grès de 1884, signé par Chaplet et Ringel d’Illzach. Cette pièce fut acquise par le prestigieux musée d’Orsay en 2022.

Ernest Chaplet et Ringel d’Illzach, 1884

« Le village secret des souris » : un ensemble japonisant de la Maison Ch. Pillivuyt & Cie Nos douze assiettes en porcelaine sont une création originale de la manufacture Ch. Pillivuyt & Cie, médaillée à l’exposition universelle de 1867. Le thème s’inspire de deux œuvres du maître de l’estampe japonaise, Hokusai. Elles appartiennent à la Manga, son célèbre ensemble de croquis. Ce décor est caractéristique de l’essor du Japonisme dans les arts occidentaux à compter des années 1860. A l’image d’une fable, ce décor met en scène un peuple de souris occupées à diverses activités propres à l’humain. Les petits personnages sont vêtus à la japonaise. Le paysage, au travers du mont Fuji, évoque également le pays du Soleil levant. Importante manufacture, la maison Pillivuy a modernisé l’art de la porcelaine. Charles Pillivuyt fut un pionnier dans la fabrication de pâtes de qualité, sans recours à la traditionnelle terre de Limoges. A partir de terres du Cher et de l’Allier, il perfectionna la cuisson de la porcelaine en délaissant le bois au profit de la houille. La manufacture est connue pour l’excellence de ses décors en couleurs, réputés d’un éclat vif et inaltérables. Une collection de cinq assiettes et un plat à gâteau relevant de ce modèle sont aujourd’hui conservés au Cooper Hewitt Smithsonian Museum de New York.

Ch. Pillivuyt & Cie, 1867

Exceptionnel service à thé japonisant Par la Manufacture Jules Vieillard & Cie Rarissime, ce magnifique service compte vingt-sept faïences fines au décor d’émaux polychrome sur fond vert saupoudré d'or. Il se compose d’une théière, un pot à lait, un sucrier et douze tasses accompagnées de leurs assiettes. Ce travail d’exception est attribué à Amédée de Caranza, prestigieux collaborateur de la manufacture Vieillard et Cie, à Bordeaux, entre 1878 et 1886. Né à Constantinople et fils d’un céramiste, Caranza avait une connaissance très fine de l’art de la céramique et chercha sans cesse à mettre au point de nouveaux procédés. Éminent représentant du japonisme, Caranza était fasciné par les chefs-d’œuvre d’Hokusai, en particulier la « Manga ». Il s’inspire ici des postures des personnages d’Hokusai pour mettre en scène animaux et créatures fantastiques. Caranza rend d’ailleurs hommage au maître de l’estampe japonaise en citant sa signature et l’idéogramme formant la fin du mot « manga ». L’utilisation de la poudre d’or est caractéristique de la contribution de Caranza aux activités de la manufacture Vieillard, dont il fut le brillant chef d’atelier.

Jules Vieillard & Cie, 1878 - 1886

Le Printemps Une œuvre de Théophile Soyer d’après Eugène Grasset Ce tableau en émail polychrome, peint sur une plaque de cuivre, est l’œuvre de l’émailleur de renom Théophile Soyer. Signé, il date des années 1890. Fils de Paul Soyer, Théophile Soyer appartient à l’une des plus importantes dynasties d'émailleurs du XIXe siècle. La scène représente une jeune femme cueillant des iris. Dans un paysage bucolique, la draperie au vent, elle est une allégorie du printemps. Rappelant l’esthétique préraphaélite, son corps diaphane et les traits doux de son visage évoquent les œuvres de Botticelli Son bord ajouré, translucide, simule un effet de plique-à-jour. Ce cadre apporte légèreté et préciosité à l’ensemble. Théophile Soyer s’est inspiré d’un dessin d’Eugène Grasset, célèbre auteur d’affiches, de bijoux, de vitraux et d’illustrations dans le style Art Nouveau. Le dessin de Grasset est également à l’origine d’une verrière intitulée Le Printemps et conservée au Musée des Arts Décoratifs à Paris. Cette verrière fut exposée, avec son pendant Après-midi d’Automne, dans la section d’architecture du Salon du Champ de Mars en 1894.

Théophile Soyer, 1890

Quand l’émail devient portrait. Les deux jeunes filles, par Paul Soyer Conçus comme un pendant, ces deux portraits de jeunes filles sont signés Paul Soyer, graveur et émailleur parisien. Ils datent des années 1880. Ils relèvent d’une technique particulière, que Soyer apprit à maîtriser aux côtés de son maître Claudius Popelin : l’émail en teinte or et grisaille sur cuivre. Sur une plaque de cuivre préparée, le portrait est délicatement peint au pinceau par l’artiste. La plaque est ensuite émaillée suivant une technique très ancienne, dite du blanc ou de la grisaille , qui permet d’obtenir des détails d’une grande finesse, parfois réalisés à l’aiguille. La cuisson de la plaque requiert des températures plus douces que pour les émaux traditionnels. L’opération est répétée jusqu’à trois ou quatre fois pour obtenir un résultat d’une telle qualité. Observons la beauté des chairs de ces deux élégantes de la Belle Epoque, l’intensité de leur regard, la finesse de leur chevelure et la précision dans le rendu des tissus et bijoux. A la même époque, Popelin continue lui aussi de pratiquer cette technique rare. Le musée d’Orsay conserve ainsi quelques émaux peints en teinte or sur cuivre, dont le portrait du prince Louis-Napoléon.

Paul Soyer, 1880

Un navire égyptien précieux, Une faïence rare d’Emile Gallé Prenant pour thème l’Antiquité méditerranéenne, Emile Gallé est l’auteur de cette pièce rare et originale. Céramiste et verrier, Gallé est l’un des plus grands noms du courant Art Nouveau et le fondateur de l’Ecole de Nancy. Cette coupe en faïence vernissée, au riche décor polychrome enrichi de paillons d’or, s’inspire de l’Egypte pharaonique. Adoptant la forme d’un navire égyptien, notre coupe présente un décor riche en symboles liés à cette culture orientale mythique : un scarabée, un lotus et des ornements géométriques.

Emile Gallé, XIXe siècle

Daphnis et Chloé : Un tableau de Jeanne Lemerle-Soyer en émail Présentée comme un véritable tableau, cette plaque rectangulaire émaillée est l’œuvre de Jeanne Lemerle-Soyer. Elle est signée et datée de 1900. La scène représente Daphnis et Chloé, sujet bucolique et charmant symbolisant la naissance de l’amour. Le thème est issu d’une pastorale de l’écrivain antique Longus. Cette œuvre littéraire célèbre a inspiré de très nombreux artistes tels que Jean-Baptiste Carpeaux, le Baron Gérard, Mathurin Moreau ou Marc Chagall. Elle inspira aussi le compositeur Ravel. Ode à la jeunesse, le couple est représenté de manière tendre, dans un décor naturel. Cette belle scène est ceinte dans un cadre formé de plaques d’émail ornées dans le style Art nouveau. Née Soyer, Jeanne Lemerle est la fille du célèbre émailleur du XIXe siècle, Théophile Soyer. Présente dans les Salons artistiques de la Belle Epoque, elle est l’un des talents féminins de son époque. Plusieurs de ses œuvres sont conservées au musée d’Orsay, à Paris.

Jeanne Lemerle-Soyer, 1900

Le vase d’Opaline : la magie de Baccarat au XIXe siècle La cristallerie Baccarat, manufacture de cristal française de renommée internationale, fut fondée sous Louis XV. Notre vase, réalisé au XIXe siècle, est en opaline. Laiteux, ce verre précieux est orné d’un décor poétique et animalier peint à la main. Il s’agit de mésanges, symboles du bonheur conjugal et de la fidélité, s’ébattant sur des branches. Ce vase est ceint d’une riche monture en bronze argenté. Elle fut conçue spécifiquement pour cette pièce. Cet objet richement décoré est le fruit de l’alliance de la magie du verre et du cristal à celle des bronziers spécialisés dans les arts décoratifs. Dits en « pattes de lion », les pieds renvoient à l’imaginaire de la Renaissance, très apprécié au XIXe siècle. La monture est ornée de figures et de détails ornementaux d’un grand raffinement.

Le vase d’Opaline : la magie de Baccarat au XIXe siècle

Vase de style oriental en verre émaillé au nom de Mohamed Une création de J & L Lobmeyr Portant en miroir sur sa panse le chiffre du nom de Mohamed, notre vase s’inscrit dans le goût orientaliste de la seconde moitié du XIXe siècle. En verre à décor d’émail et d’or, notre vase date de la fin des années 1870 et porte la signature de Lobmeyr. J. & L. Lobmeyr était une cristallerie autrichienne d’importance internationale, fondée en 1823 et représentée durant les Expositions Universelles. Célèbre pour ses lustres en cristal et ses objets décoratifs, elle fournissait la cour impériale viennoise, ainsi que la couronne de Belgique et celle des Flandres. Les motifs qui décorent notre vase sont librement inspirés du répertoire ornemental du Proche-Orient. Conformément à la tradition orientale, ces motifs sont non figuratifs. Ils magnifient le jeu des entrelacs, des arabesques et des couleurs. Un modèle semblable fut présenté dans le stand de Lobmeyr à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1878. Une pièce similaire est conservée au musée des Arts Décoratifs à Paris.

J & L Lobmeyr, fin 1870

Les Pivoines de Julien-Nicolas Rivart : Un décor de marqueterie de porcelaine pour une table de style Louis XV. Notre table de style Louis XV est ornée d’un décor de marqueterie de porcelaine représentant des pivoines. Admirées par l’Impératrice Eugénie, félicitées par Napoléon III, les créations de Rivart sont d’une très grande délicatesse et d’une élégance parfaite. Julien-Nicolas Rivart est célèbre pour avoir breveté cette technique de marqueterie précieuse en 1849. Ce procédé, d’un grand raffinement, est remarqué aux Expositions Universelles de 1851, 1855 et 1867 auxquelles Rivart participe. Les thèmes floraux ont la prédilection de Rivart. Ici, l’ébéniste joue avec le motif de la pivoine, fleur épanouie dont la couleur se marie avec la chaleur du bois de rose. La peinture des fleurs incrustées n'est pas signée, mais nous pouvons les attribuer à Pierre-Joseph Guérou, peintre de la Manufacture de Sèvres qui collabora régulièrement avec Rivart. Un décor floral comparable a été acquis par le comte de Manneville en 1861 et conservée à la Cité de la Céramique de Sèvres. Notre table présente deux tiroirs, ainsi que des éléments d’ornementation dorés dans l’esprit du temps de louis XV.

Julien-Nicolas Rivart, 1861

Portrait de Hans Holbein Un tableau en marqueterie de bois attribué à la maison Fourdinois Original, ce tableau en marqueterie de bois en relief représente un portrait de Hans Holbein, peintre et graveur de la Renaissance allemande. Il est agrémenté d’un cadre en bois noirci aux formes pures et architecturées typiques du style néo-Renaissance. Le cadre mentionne l’identité de l’artiste portraituré de profil, comme le veut la tradition de la médaille durant la Renaissance. Cette œuvre est attribuée à la maison Fourdinois, dirigée par Alexandre et Henri Fourdinois, célèbre dans le domaine des arts décoratifs du XIXe siècle. Le nom de cette maison d’ébénisterie, maintes fois récompensée dans les expositions universelles, est associé au luxe triomphant sous le Second Empire. Ce portrait néo-Renaissance s’inscrit dans le culte des figures du passé, du Moyen Age comme de la Renaissance, qui caractérise l’historicisme du XIXe siècle. Il n’est pas anodin qu’ils rendirent hommage à Holbein, peintre qui fascina également les écrivains Jules Verne et Honoré de Balzac. Les Fourdinois cultivaient une véritable passion pour la Renaissance. La marqueterie en plein fait appel à l’invention d’Henri Fourdinois, brevetée en 1864. Cette technique repose sur l’incrustation de bois dans toute son épaisseur, offrant une surface que le sculpteur peut travailler en creux comme en relief.

la maison Fourdinois, 1864

Modèle en grès présenté au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1898, sous le numéro 4060, avec trois autres vases. Faïence émaillée Ce vase présente une forme élancée que viennent contrecarrer les quatre anses. La panse est entièrement ornée d'éléments floraux ou purement décoratifs alors que les personnages sont relégués au niveau du col. Une frise de putti faisant la chasse aux papillons se développe tout le long du col, dans une ronde effrénée. Ce vase présente un décor qui associe différentes techniques. La panse du vase est ornée d'un décor floral qui mêle éléments en relief et éléments incisés. La frise d'enfants est réalisée en pâte sur pâte. Ce procédé, mis au point à la Manufacture de Sèvres vers 1848 était habituellement utilisé par des sculpteurs, ce que Louis Carrier-Belleuse était. Il consiste à appliquer des motifs généralement blancs sur un fond coloré. Ce vase original mêle deux inspirations : la frise de putti semble issue du Second Empire alors que la panse du vase présente des éléments végétaux annonciateurs de l'Art Nouveau. Au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1898, ce vase apparaît pour la première fois en grès, accompagné de trois autres vases : Hercule et Omphale, Sauve qui peut ! et Musique. Ces quatre vases sont présentés sous le même numéro (n° 4060) et dans la même vitrine. Trois des quatre vases, dont Enfants et papillons, ont été reproduits, en 1900, dans la revue La Décoration ancienne et moderne. Enfants et papillons a été acquis en 2003 par Musée du Petit Palais, à Paris, et il est un des rares exemples de vase de ce créateur conservé dans une collection publique française. La même année, il présente un cinquième vase, sous le numéro 4059, intitulé L’agriculture. Le vase que nous vous présentons, réalisé en faïence, n'est pas celui qui a été présenté au Salon de 1898. Cependant, sa réédition, par la faïencerie de Choisy-Le-Roi prouve la popularité de ce modèle et de son créateur. Fils du sculpteur Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887) dont il fut l’élève, Louis Carrier-Belleuse, suivit les leçons de Gustave Boulanger et d’Alexandre Cabanel à l’école des Beaux-Arts. Il débuta comme peintre au Salon de 1870 et exposa des sculptures à partir de 1889. Il s’intéressa très tôt aux arts industriels : pendant quelques années, il travailla auprès de son père à la Manufacture de Sèvres, qui en était le directeur artistique depuis 1875. En 1877, il acquit auprès de Théodore Deck une première expérience du travail de la céramique et participa au concours de Sèvres en 1882 en envoyant un Projet de jardinière. Par la suite, il devint directeur des travaux d’art de la faïencerie de Choisy-le-Roi, à laquelle il fournit de nombreux modèles. Il obtint une médaille en 1896, dans la section d’art appliqué, année où il présente les deux vases en plâtre. Il exposa pour la dernière fois en 1912. En tant que directeur artistique de la faïencerie de Choisy-le-Roi, il conçut de nombreux modèles, dont ce vase fait partie. Fondée en 1805 par MM. Valentin, Melchior et Nicolas Paillart dans l’ancien petit château de Choisy-le-Roi, la manufacture devient la propriété de Valentin Paillart et d’Hippolyte Hautin en 1824. En 1836, avec le départ de Valentin Paillart, la faïencerie devient la propriété d’Hippolyte Hautin et de Louis Boulenger. À partir de cette date, la faïencerie de Choisy-le-Roi sera une affaire de famille. En 1863, Hippolyte Boulenger succède à son oncle Louis à la tête de l’entreprise. Il en restera le seul propriétaire jusqu’en 1878. C’est sous sa direction que la manufacture connaît une extension considérable. Cette même année, il décide de transformer la manufacture en une société en commandite par actions : la « Société Hte Boulenger et Cie » est née. Hippolyte Boulenger en sera le seul gérant jusqu’à sa mort, en 1892. À cette date, c’est son fils, Paul, qui reprend l’affaire. C’est avec lui que travaillera Louis Carrier-Belleuse.

Louis-Robert Carrier-Belleuse, 1898

La nature faite vase : Attribué à Émile Gallé pour la manufacture de Lunéville Daté entre 1863 et 1880, ce vase est attribué au grand céramiste et maître-verrier nancéien Emile Gallé. Il fut très certainement édité par Keller et Guérin, propriétaires de la manufacture de Lunéville, avant que Gallé ne dépose ses propres modèles. D’une forme très recherchée, notre vase présente une panse quadrilobée ornée de branches, de feuilles et de papillons dans des couleurs or et argent sur un fond bleu de Prusse. Le vase repose sur une base imitant des branchages, très naturalistes, évoquant les études de feuillages et de fleurs de Gallé conservées au musée d’Orsay. L’institution parisienne possède d’ailleurs un dessin préparatoire de Gallé pour une pièce proche de notre vase.

Attribué à Emilie Gallé, 1863 - 1880

Marc Maison

- 19ème -